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Les biopolymères pourront-ils un jour remplacer les plastiques pétrochimiques ?
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- « Les coûts de fabrication des biopolymères alimentent un cercle vicieux entre producteurs et utilisateurs où chacun se rejette la responsabilité de la faible capacité actuelle de production »
Face à l’épuisement des réserves de pétrole, et à la pollution engendrée par les dérivés pétrochimiques (production, rejet dans la nature), les biopolymères sont souvent considérés comme les successeurs des plastiques. Ils peinent pourtant sérieusement à s’imposer sur le marché. La société de conseil Alcimed en a analysé les causes.
Les biopolymères, élaborés à partir de ressources végétales (donc biodégradables), sont commercialisés depuis une dizaine d’années pour diverses applications industrielles. Ils affichent des performances techniques élevées et des perspectives de développement prometteuses. Et pourtant, leur production et leur utilisation restent encore relativement limitées. Le prix, notamment, serait un frein à leur essor : entre 30 et 40 % plus chers que les plastiques conventionnels.
Une baisse des tarifs n’est de plus pas envisageable à court ou moyen terme, le recours aux additifs ou mélanges pour améliorer leurs propriétés techniques augmentant les coûts de production. Résultat : les biopolymères semblent condamnés à être encore longtemps utilisés dans des produits dits « premium », loin de la consommation de masse.
Autre difficulté : la faible disponibilité commerciale. Le petit nombre de fournisseurs génère des inquiétudes pour la sécurisation de l’approvisionnement. De plus, ces derniers, confrontés à des modifications lourdes et coûteuses des chaînes de fabrication pour mettre au point ces nouveaux matériaux, hésitent toujours à construire des usines de grande taille. « Cela alimente un cercle vicieux entre producteurs et utilisateurs où chacun se rejette la responsabilité de la faible capacité actuelle de production », explique Arnaud Gabenisch, responsable du pôle économie durable au sein d’Alcimed.
La question des OGM
Dans la même veine que les biocarburants, l’origine des matières premières des biopolymères est également un souci, car ils sont majoritairement issus de ressources alimentaires (maïs, blé,…) ou assimilés (betterave, canne à sucre,…). Or beaucoup souhaiteraient plutôt une utilisation des déchets. Problème : le coût de production est alors très élevé. D’autre part, il existe une problématique OGM : de nombreux polymères sont en effet élaborés grâce aux organismes génétiquement modifiés, ce qui fait craindre des risques de dissémination.
Enfin, la multiplicité des options de retraitement des polymères en fin de vie reste une complication : biodégradabilité, compostabilité, bio-fragmentabilité, recyclage,… des solutions qui nécessitent la mise en place de filières de collecte spécifiques qui ne peuvent encore être rentables au vu des faibles volumes en jeu et du coût associé.
Malgré ce constat de semi-échec, Alcimed prédit tout de même la fin de certaines difficultés pour les biopolymères à moyen terme. Pour la société de conseil, le secteur est très dynamique et les nombreux développements en cours finiront par avoir raison du plastique.
Pour en savoir plus :
biofondations.gc.ca
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Yann Cohignac
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