En France, chaque fois que la température extérieure baisse d’un degré, la consommation de courant grimpe de près de 2 300 MW (mégawatts), ce qui équivaut à la production de deux réacteurs nucléaires. L’Hexagone est ainsi le pays d’Europe dont les besoins électriques sont les plus importants en hiver. La raison : nous sommes les champions du chauffage électrique. Résultat : alors que nous exportons de l’énergie toute l’année, nous sommes contraints d’en importer par grand froid. « Les hivers froids, comme ça a été le cas l’hiver dernier, on a importé jusqu’à 8 000 MW, essentiellement d’Allemagne », indique ainsi Colette Lewiner, directrice internationale du secteur de l’énergie du cabinet Capgemini, qui vient de publier son étude annuelle intitulée « Observatoire européen des marchés de l’énergie ».
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Problème : cette année, il ne faudra pas compter sur les importations allemandes, car depuis la catastrophe de Fukushima, notre voisin a décidé d’abandonner l’atome et déjà stoppé huit de ses 17 réacteurs nucléaires. Selon Capgemini, les zones les plus difficiles à alimenter, comme la Bretagne et la région PACA, risquent donc fort de manquer de courant, ce qui pourrait provoquer des pannes, voire un « black-out », c’est-à-dire un effondrement complet du réseau*. Doit-on paniquer ?
Une étude de RTE publiée début novembre
La situation n’est toutefois pas désespérée. Pour comparer les données et se prononcer définitivement, il faut en effet d’abord attendre la publication deux études début novembre : l’une menée par Entso-E (European Network of Transmission System Operators for Electricity), et l’autre menée par RTE (Réseau de transport d'électricité). La filiale d’EDF, gestionnaire du réseau français à haute tension, a ensuite quelques moyens d’action à sa disposition pour éviter le pire, comme l’effacement de la consommation électrique de clients industriels volontaires (approvisionnement réduit ou différé afin d’équilibrer l’offre et la demande) et les appels au civisme.
Mme lewiner, qui a dirigé l’étude de Capgemini, estime enfin que le risque de panne « va dépendre du froid, du fonctionnement des réacteurs nucléaires en France, qui s’est beaucoup amélioré, de la disponibilité des moyens de production ailleurs. Je pense par exemple que l’Allemagne fera plus tourner ses centrales à charbon ». Espérons tout de même que le recours à cette énergie fossile ne sera pas trop important, étant donné les importantes émissions de carbone qu’elle engendre.
Un problème durable
Toujours est-il que la France va très vite devoir trouver une solution à ce problème, et pas seulement cet hiver, car « les pointes de consommation augmentent d’année en année », rappelle Capgemini (RTE parle d’ailleurs aussi d’une progression constante, et d’un niveau 25 % supérieur à celui du début des années 2000). D’autant que 2010 et 2009, malgré les importations allemandes, ont déjà été difficiles. Faut-il remettre en cause le débat sur la sortie du nucléaire ? La question mérite d’être posée. Faut-il développer les énergies renouvelables et les économies d’énergie ? C’est une évidence…
* : Le dernier « black-out » que la France ait connu s’est produit en 1978. Le dernière grande panne, elle, s’est déroulée en novembre 2006.