En juillet 2010 déjà, EDF avait différé de deux ans le lancement de l’EPR de Flamanville. Aujourd’hui, la fin du chantier est prévue pour 2016… « Ce retard est lié à des raisons tant structurelles que conjoncturelles », indique le groupe. « En termes de maîtrise industrielle, EDF a dû revoir son appréciation de l’ampleur des travaux à mener, notamment en matière de génie civil », poursuit-il.
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En mai dernier, le groupe avait indiqué que la construction du bâtiment réacteur de l’EPR à Flamanville avait pris « quelques mois » de retard, après un accident mortel intervenu sur le chantier, précisant que la mise en service du réacteur était « pour l’instant » toujours prévue en 2014. En effet, un soudeur de 37 ans avait trouvé la mort sur le chantier le 24 janvier. Le travail avait repris deux mois plus tard à un rythme « un peu moins rapide » car les règles ont été corrigées pour éviter un autre drame.
A l’origine, l'EPR de Flamanville devait être livré en 2012 et coûter 3,3 milliards d'euros. Désormais, EDF évoque dans un communiqué « un projet actualisé de l'ordre de 6 milliards d'euros » et souligne que le groupe « commercialisera les premiers kilowattheures produits par l'EPR de Flamanville en 2016 ».
L’EPR de Flamanville est un prototype
« Flamanville 3 est la première centrale nucléaire construite en France depuis 15 ans. C'est également le premier EPR. En termes de maîtrise industrielle, EDF a dû revoir son appréciation de l'ampleur des travaux à mener, notamment en matière de génie civil », explique le groupe. Selon EDF, les analyses qui doivent être menées sur les centrales nucléaires, après la catastrophe de Fukushima au Japon, explique aussi ce nouveau retard. Celles-ci seront soumises à l'Autorité de sûreté nucléaire en septembre, promet le groupe.
Le ministre de l'Energie Eric Besson a lui aussi relativisé l'annonce d'EDF, abordant dans un communiqué une « mesure technique » pour tenir compte des événements imprévus sur le chantier et de la « réévaluation des travaux de génie civil ». Il assure que le chantier se poursuivait « dans des conditions optimisées ».
Flamanville relance la colère des Verts
De son côté, le député Europe Ecologie-Les Verts Noël Mamère a déclaré à l'AFP que « conformément à ce que demandent les écologistes, il faut arrêter ce chantier EPR », un « chantier coûteux et sale, notamment à cause des accidents avec les sous-traitants. Plus que jamais se pose la question de la sortie progressive et programmée du nucléaire », a-t-il estimé. Selon lui, « il faut que le débat ait lieu dans ce pays, le plus vite possible ».
Outre Flamanville, le député de la Gironde demande également « que l'on ferme Fessenheim », la plus vieille installation nucléaire de France. « Nous allons être les derniers, même les Japonais aujourd'hui veulent sortir du nucléaire ! », s'exclame le député. « Il n'y aurait donc plus que la France qui voudrait continuer dans cette voie suicidaire », a-t-il ajouté.
L'échec d'une association française amenant l'EPR dans un gigantesque appel d'offres à 20 milliards de dollars à Abou Dhabi fin 2009 avait déjà porté un coup pour l’avenir de ce réacteur de 3e génération. Dans un contexte bouleversé par la catastrophe de Fukushima, la réussite de l'EPR a d'autant plus d'importance pour la filière nucléaire française. « La réussite de l’EPR Flamanville est un enjeu majeur pour le savoir-faire de l'industrie nucléaire », poursuivent M. Machenaud et Claude Jaouen, directeur des activités réacteurs et services d’Areva et concepteur de l'EPR.