Substances chimiques : après le bisphénol A, phtalates et parabènes sont sur la sellette
Mardi 3 mai, la proposition de loi visant à interdire les phtalates, les parabens et les alkyphénols a été adoptée par l’Assemblée nationale… à la surprise générale ! Ces substances chimiques sont soumises à controverse quant à leur dangerosité pour l’Homme et font l’objet d’une pression de la part de puissants lobbies. La poursuite de leur usage est en effet tout à l’intérêt des industriels. Ces composés très utiles se retrouvent partout : cosmétiques, plastiques, médicaments…
L'Assemblée nationale a adopté le 3 mai en première lecture une proposition de loi du Nouveau Centre interdisant les phtalates, les parabènes et les alkylphénols
« Interdiction de la fabrication, de l'importation, de la vente ou de l'offre de produits contenant des phtalates, des parabènes ou des alkylphénols » : cette phrase, sans équivoque, résume les principales dispositions de la proposition de loi d’Yvan Lachaud, député du Nouveau Centre. Voté à 236 voix contre 222, le texte doit encore passer devant le Sénat avant d’être définitivement adopté. Mais le député Europe Ecologie-Les Verts (EELV) Yves Cochet se montre confiant : « On l’avait déjà fait pour le bisphénol A, interdit dans les biberons. On le fait là pour une classe beaucoup plus générale de produits chimiques », a-t-il confié à l’AFP.
Cette mesure rejoint en partie l’avis des experts européens du Comité scientifique de la Commission européenne (CSSC). Ces derniers préconisaient une baisse des concentrations maximales autorisées de certains parabènes dans les cosmétiques. Le Danemark a également demandé récemment leur interdiction dans les cosmétiques destinés aux enfants de moins de 3 ans. Mais la ligne européenne va plutôt dans le sens de leur maintien et d’une régulation des taux autorisés, si nécessaire.
Des perturbateurs endocriniens
Principal chef d’accusation requis contre ces composés chimiques : il s’agit de perturbateurs endocriniens. Ils modifieraient le fonctionnement hormonal des êtres humains, et auraient de graves conséquences, tout particulièrement au moment de la grossesse : malformations fœtales, baisse de la fertilité et puberté précoce. Ils sont également soupçonnés de favoriser le développement d’autres pathologies comme le diabète, l’obésité, le trouble du comportement, et certains cancers… Mais les preuves scientifiques manquent pour affirmer cette dernière hypothèse.
Des substances chimiques omniprésentes
Ces substances industrielles sont présentes dans de très nombreux produits : alimentation, emballage, cosmétiques, peinture, etc. Leur interdiction aurait ainsi d’importantes conséquences sur le monde industriel. Il s’agira alors de leur trouver des substituts. Les matières plastiques sont composées de phtalates et de bisphénol A (BPA). Les phtalates sont des additifs utilisés comme plastifiants : ils permettent de rendre le plastique souple et flexible. Ils sont notamment incorporés dans les cosmétiques comme agents fixateurs.
Le parabène est quant à lui utilisé comme conservateur antibactérien et antifongique dans les cosmétiques, les produits pharmaceutiques, les aliments et les boissons. Enfin, le BPA sert à durcir les plastiques et à les rendre transparents. Bouteilles, conserves, canettes, et lunettes en contiennent. Ce dernier a été interdit en juin 2010 de la production des biberons et des jeux d’enfants.