Fukushima atteint le niveau maximal sur l’échelle des accidents nucléaires
Dans l’histoire de l’Homme, c’est le deuxième accident nucléaire civil de niveau 7 après Tchernobyl. Les autorités japonaises ont en effet revu les conséquences sanitaires et environnementales de Fukushima à la hausse ce mardi 12 avril, après les avoir jusqu'à présent toujours estimées au niveau 5. L’incapacité de l’opérateur Tepco à mettre fin définitivement aux fuites radioactives suscite angoisse et désillusion chez la population nippone.
Alors que tout reste à reconstruire au Nord-Est du Japon, les conséquences de Fukushima n’en finissent pas. L’accident nucléaire vient d’être classé au niveau 7 de l’échelle Ines
L'Agence japonaise de sûreté nucléaire a élevé mardi 12 avril l’accident de Fukushima Daiichi au niveau 7 de l'échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques (Ines), le plaçant au même degré de gravité que la catastrophe de Tchernobyl (Ukraine, 1986). Les autorités nippones l’avaient évalué jusqu’alors à 5, tandis que l’Autorité de sûreté nucléaire française (ASN) l’avait déjà relevé au niveau 6.
Le niveau 7, le plus élevé de l’échelle Ines, correspond à un « rejet majeur », avec des « effets considérables sur la santé et l'environnement ». Alors que le niveau 5 signifie : « Endommagement grave du cœur du réacteur/des barrières radiologiques », avec un « rejet limité susceptible d’exiger l’application partielle des contre-mesures prévues ».
Une radioactivité supérieure à 10 000 terabecquerels
La raison de ce retournement des autorités ? Des mesures d’iode et de césium relevées dans l’environnement qui « montrent des niveaux équivalents au niveau 7 », a déclaré un responsable de l'Agence. L’échelon 7 signifie que la radioactivité a dépassé le seuil des 10 000 terabecquerels (nombre de désintégrations par seconde des radionucléides, ndlr), soient 10 000 trilliards de becquerels. Les émissions radioactives enregistrées à ce jour représenteraient déjà 10 % de celles mesurées en 1986 après la catastrophe de Tchernobyl.
L’agence de presse japonaise Kyodo rapporte que l’opérateur Tepco s’excuse auprès de la population de se trouver dans l’incapacité de stopper les fuites radioactives, pointant la possibilité que la totalité des émissions puisse dépasser, à terme, celles de l’incident de Tchernobyl. Une part considérable des radionucléides émis viendrait probablement du réacteur n°2, dont l’enceinte de confinement avait été endommagée par une explosion d’hydrogène le 15 mars, a déclaré un conseiller de la commission de sécurité lors d’une conférence de presse.
Une zone de sécurité sous-estimée ?
La commission de sécurité a également révélé que des poches radioactives avaient été détectées en dehors du périmètre de sécurité de 20 km décrété autour de la centrale. La radioactivité a en effet excédé la limite sanitaire annuelle de 1 millisievert dans des zones situées à plus de 60 km des réacteurs endommagés. A l’intérieur du rayon de sécurité, des valeurs entre 1 et 100 millisieverts ont pu être relevées, et dans la zone 20-30 km où les habitants n’ont pas évacué leurs logements, la radioactivité peut atteindre 50 millisieverts.
Selon l’Agence Kyodo, l’opérateur japonais Kepco (Kyushu Electric Power Company) a gelé son projet de construction d’un troisième réacteur dans la préfecture de Kagoshima, située à l’extrême Sud du Japon. Le Premier ministre japonais, Naoto Kan, s’est dit également prêt à réviser la politique énergétique du pays qui planifie pour l’instant la construction de 14 réacteurs supplémentaires d’ici 2030, en plus des 55 actuels.
Fukushima Daiichi aussi dangereux que Tchernobyl :