Fukushima : les retombées du nuage radioactif à travers le monde
Les inquiétudes grandissent quant aux conséquences sanitaires de Fukushima. La radioactivité émise par la centrale japonaise s’est répandue et s’est diluée dans la plus grande partie de l’hémisphère Nord. Des premières mesures d’isotopes radioactifs ont été relevées en France dès le 24 mars, mais restent à des niveaux très faibles.
Stations de mesures des isotopes radioactifs de l’IRSN dans le cadre de la surveillance de l’impact des rejets de Fukushima
Au Japon, l’IAEA (International Atomic Energy Agency) nous apprend que des dépôts d’iode 131 et de césium 137 ont été relevés dans une douzaine de préfectures. Les plus hautes valeurs ont été enregistrées à Fukushima avec 23 000 becquerel/m2 pour l’iode radioactif et 790 Bq/m2 pour le césium (un becquerel correspond à une désintégration radioactive par seconde, l’activité des radionucléides peut être rapportée à une surface - Bq/m2, à une masse - Bq/g, ou à un volume - Bq/m3 ou Bq/l). Des valeurs inférieures à 280 Bq/m2 ont été enregistrées dans les autres préfectures.
À titre de comparaison, les dépôts d’iode 131 dans les zones les plus contaminées de Russie, d’Ukraine et de Biélorussie étaient compris entre 400 000 et 18 500 000 Bq/m2 lors de la catastrophe de Tchernobyl.
Le ministère japonais de la Santé a préconisé des restrictions, mais uniquement sur l’eau et dans certains secteurs de la préfecture de Fukushima. Les autorités se veulent rassurantes quant à l’éventualité d’une contamination des aliments. Celle-ci serait, en l’état actuel des connaissances, bien inférieure aux seuils sanitaires. De nombreux pays, dont la France, ont néanmoins interdits ou pris des dispositions spéciales quant aux produits alimentaires importés du Japon.
L’Asie et les Etats-Unis atteints par le nuage
Modélisation de la dispersion des rejets radioactifs dans l’atmosphère à l’échelle globale (Météo France) :
Des traces de radioactivité ont été également relevées dans les eaux de pluies et des filtres de prélèvements de poussières atmosphériques de différents états américains, a expliqué l’EPA, l’Agence de protection de l’environnement américaine. Les radionucléides identifiés sont l’iode 131, le tellure 132, l’iode 132 et le césium 137. Les concentrations mesurées le 18 mars pour ces éléments étaient de quelques dixièmes de mBq/m3, voire plus faibles.
« Ces observations ne sont pas une surprise et les niveaux relevés sont bien en-dessous de ce qui pourrait être dangereux pour la santé », assure l'agence gouvernementale.
La Chine, la Corée du Sud et les Philippines ont détecté à leur tour des substances radioactives. Les autorités des trois pays assurent que ces quantités sont infimes et ne présentent pas de danger. « Je peux vous assurer que ces quantités n'auront strictement aucun impact sur la vie des citoyens ordinaires de Corée du Sud », a déclaré à la presse Yun Choul-Ho, le directeur de l'Institut coréen pour la sécurité nucléaire.
L’Europe du Nord : première touchée
L’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) explique dans son communiqué que de l’iode 131 a été mesuré dans l’air en Suède, à une concentration inférieure à 0,30 mBq/m3, ainsi qu’en Finlande (moins de 1 mBq/m3), en Allemagne (0,33 mBq/m3) et aux Pays-Bas (0,17 mBq/m3) entre le 22 et le 23 mars.
Les éléments radioactifs dispersés sont arrivés par le Nord, comme le prévoyait la modélisation de Météo France.
De faibles mesures relevées en France
En France, des mesures d’iode 131 ont été enregistrées par l’IRSN dès le 24 mars au sommet du Puy-de-Dôme. D’autres détections ont pu être relevées les 25, 26 et 27 mars à Orsay, Cherbourg, Le Vésinet et Cadarache, confirmant une présence généralisée d’iode 131. L’isotope a été relevé sous forme gazeuse (au Vésinet : 0,51 mBq/m3), dans des échantillons d’eaux de pluie, ainsi que dans des échantillons végétaux.
L’IRSN conclut cependant à l’absence de danger environnemental ou sanitaire, même en cas de persistance sur plusieurs jours.
D’après Yves Marignac, directeur de Wise-Paris (agence d'information indépendante sur le nucléaire), les mesures de l’IRSN ou d’organismes indépendants tels la Criirad (Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité) convergent : « Elles révèlent un niveau de contamination à la fois significatif puisqu’on les mesure mais pas suffisant pour nécessiter des mesures particulières de protection des populations », commente-t-il sur universcience.tv.