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Maïs MON 810 : troubles de la fertilité chez les souris
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- « C'est une preuve supplémentaire que la clause de sauvegarde doit être appliquée au maïs MON 810 »
A l’heure où la fertilité des hommes est devenue un grave problème sanitaire (lire notre article : www.developpementdurable.com/environnement/2008/11/A400/quand-les-perturbateurs-endocriniens-menacent-la-fertilite-des-hommes.html), la nouvelle tombe très mal pour l’industrie des OGM : une étude autrichienne a en effet démontré que des souris nourries avec le maïs MON 810-NK 603 se reproduisaient moins vite que les autres…
Les chercheurs du département de médecine vétérinaire de l’Université de Vienne ont menées deux expériences : la première a suivi des groupes de souris exposés à du maïs « normal » et génétiquement modifié sur quatre générations. Rien à signaler. « Du point de vue des capacités reproductrices, ce protocole n’a pas révélé de différences statistiquement significatives entre les groupes », explique Jürgen Zentek, principal auteur de l’étude.
En revanche, dans la seconde expérience, une même génération d’animaux a donné naissance à quatre portées consécutives, dont les troisième et quatrième étaient sensiblement plus réduites pour les rongeurs alimentés avec le MON 810-NK 603 que ceux nourris au maïs conventionnel. Concrètement, le groupe des 24 couples exposés à l’OGM a engendré 844 naissances, contre 1035 pour l’autre.
Cette étude toxicologique parue il y a une quinzaine de jours est doublement intéressante : d’abord, elle sème encore un peu plus le doute sur les OGM. Mais surtout, elle a été commanditée par les pouvoirs publics autrichiens : la démarche est assez rare pour être relevée, car en général, ce type de travaux est pris en charge par l’industrie…
Le stress, peut-être ?
M. Zentek émet une théorie sur la grande différence qui existe entre les deux résultats : « Dans le second protocole, l’organisme des femelles a été très sollicité et soumis à un stress plus grand puisqu’elles ont dû mettre bas et nourrir plusieurs portées consécutives ». L’OGM pourrait donc n’avoir d’effet sur la reproduction qu’en cas de situation de stress.
Mais ce n’est pas tout : après analyses sur le sang et les organes, il ressort que les cellules intestinales des animaux exposés sont différentes. Ca doit être le stress… Toutefois, les chercheurs autrichiens souhaitent approfondir leurs travaux pour se prononcer davantage et éviter les conclusions hâtives. Surtout qu’il s’agit de résultats inédits.
Bien sûr, Monsanto, qui commercialise le maïs transgénique, rejette l’étude. Pour Christian Berdot, spécialiste OGM pour les Amis de la Terre, c’est pourtant « une preuve supplémentaire que la clause de sauvegarde doit être appliquée au maïs MON 810. Bien que l’Agence Européenne pour la Sécurité Alimentaire (AESA) ait toujours certifié qu’il ne pose aucun risque, cette étude autrichienne de nourrissage montre des effets physiologiques dus à la nourriture OGM, que l’industrie a toujours nié ».
Pour consulter l’étude complète : www.amisdelaterre.org/IMG/pdf/forschungsbericht_3-2008.pdf
Yann Cohignac
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