« Les Etats ont fait la démonstration qu’ils étaient capables de faire un pas les uns vers les autres… un grand pas pour la préservation de la biodiversité ». C’est avec une joie et un optimisme non dissimulés que la secrétaire d’Etat à l’Ecologie, Chantal Jouanno a accueilli l’adoption d’un texte porteur d’engagements forts lors de la Conférence de Nagoya. Bien qu’adopté à la toute dernière minute, grâce à un compromis rédigé par la présidence japonaise, ce texte est porteur de grands espoirs pour la préservation de la biodiversité. Objectif initialement fixé pour 2010 et… manqué !
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Un million d’euros pour le Protocole APA
Lundi 8 novembre, Chantal Jouanno a donc présenté les engagements français relatifs aux objectifs fixés à Nagoya. Si la Conférence a été un franc succès, c’est en partie grâce à l’adoption du protocole d’accès aux ressources génétiques et de partage des avantages issus de leur utilisation (APA), en discussion depuis 8 ans déjà. Dorénavant, des règles strictes vont régir l’utilisation et la commercialisation des trésors de biodiversité dont recèlent les pays du Sud au profit des firmes cosmétiques et pharmaceutiques.
Ce protocole, juridiquement contraignant, sera ouvert à la signature des Parties au siège de l’ONU du 2 février 2011 au 1er février 2012. Et ce n’est qu’après avoir été paraphé par 50 Etats-parties qu’il entrera en vigueur. La France a d’ores et déjà annoncé qu’elle le signerait dès le mois de février prochain et qu’elle le ratifierait avant 2012. Un mécanisme de financement destiné à sa mise en œuvre devrait être créé prochainement et la France le dotera d’une enveloppe d’un milliard d’euros.
4 milliards d’euros pour préserver la biodiversité
Pour enrayer la perte de biodiversité, le texte final adopté à Nagoya fixe 20 objectifs ambitieux à atteindre. Horizon ? 2020 ! Ces objectifs sont regroupés en cinq chapitres : expliciter les causes de déclin aux gouvernements et à la société, réduire les pressions directes et promouvoir l’utilisation durable des ressources, accroître l’état de conservation de la biodiversité en conservant les écosystèmes, les espèces et la diversité génétique, accroître les bénéfices pour tous et enfin, accroître l’efficacité des mesures au travers de la planification, des connaissances et du transfert de capacité. Toutes ces mesures ont évidemment un coût substantiel auquel la France a décidé d’apporter son importante contribution.
Ce sont désormais 10 % de l’aide publique au développement (contre moins de 2 % actuellement) qui seront alloués à la protection de la biodiversité dans les pays en développement. D’autre part, d’ici 2012, les financements français pour la biodiversité dans ces mêmes pays seront doublés, pour aboutir à une enveloppe de 200 millions d’euros par an. Au total, la France entend débourser 4 milliards d’euros pour la protection de la biodiversité d’ici 2020.
Nagoya impulse la Stratégie française
La traduction des objectifs fixés par Nagoya sur le territoire national s’effectuera par le prisme de la Stratégie nationale de la biodiversité dont l’adoption est prévue le 22 mai 2011. L’établissement de la liste des subventions dommageables à la biodiversité, que Nagoya entend supprimer, sera confié au Conseil d’analyse stratégique, piloté par Guillaume Sainteny, ancien directeur des études du ministère du Développement durable. Y seront notamment évoqués les aides pour le carburant des bateaux de pêche ou encore la TVA réduite pour les pesticides. La tâche s’annonce d’ores et déjà ardue car, comme l’a rappelé Chantal Jouanno, « lors de la campagne présidentielle, les aides préjudiciables à l’environnement avaient été évaluées à 4,7 milliards d’euros ». Lancement de cette mission le 17 novembre.
Le renforcement de la Trame verte et bleue est également au programme. Pour ce faire, le réseau des espaces protégés connectés devra être renforcé. Les préfets y travaillent actuellement. Enfin, seront crées une Fondation pour la recherche en biodiversité ainsi que l’Observatoire national de la biodiversité qui devra veiller à la bonne information du public.
Les associations de défense de l’environnement attendent désormais une preuve évidente de volonté franche de sauvegarde de la biodiversité lors de la réunion de l’Iccat le 17 novembre prochain à Paris. La préservation du thon rouge est en jeu…