C’était pourtant l’un des projets phares du gouvernement Berlusconi : atteindre, grâce au retour à l'atome, 25 % d’énergie d’origine nucléaire d'ici 2030. Un partenariat avec le géant français Areva devait donner naissance à quatre réacteurs EPR, dont la construction était attendue dès 2014.
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Depuis, le gouvernement a changé son fusil d’épaule : un amendement vient d'être présenté et aurait pour effet de suspendre tous les projets de nucléaires civils. Son adoption est très probable, étant donné la majorité dont dispose le Cavaliere au Parlement. Le gouvernement annonce vouloir ainsi adopter une « nouvelle stratégie énergétique », sans davantage de précision.
D’après le ministre du Développement économique, Paolo Romani, « Il est important de se tourner vers l’avenir et d’utiliser les meilleurs technologies disponibles pour la production d’énergie propre, particulièrement dans le domaine des énergies renouvelables et de l’énergie verte ».
Une manœuvre politique ?
L’annonce tombe juste avant le référendum sur le retour à l’atome fixé aux 12 et 13 juin. L’opposition soupçonne le gouvernement de vouloir annuler ce scrutin, qui n’aurait donc plus de raison d’être, afin d’être libre de relancer le nucléaire dans un avenir proche.
Les sondages indiquent que 75 % des Italiens se disent opposés à l’atome (70 % en France, sondage IFOP). Le spectre de Fukushima et la forte activité sismique de l’Italie ont clairement tranché l’opinion en défaveur d’un éventuel retour à l’atome. Orientation énergétique, qu’ils avaient, de surcroît, déjà abandonné quelques années plus tôt à la suite de l’accident de Tchernobyl (1986, Ukraine)…
L’Italie et l’atome : une histoire compliquée
Entre amour et désamour… L’Italie était l’un des rares pays européens à avoir éconduit le développement du nucléaire sur son territoire. Un moratoire sur la construction de nouvelles centrales, initialement voté de 1987 à 1993, avait depuis été prolongé indéfiniment précipitant la fermeture des quatre centrales nationales.
En conséquence, l’Italie s’est retrouvée dépendante de ses voisins européens, notamment la France, pour son approvisionnement énergétique. Aujourd’hui, près de 86 % de son électricité est acheminée de l’extérieur du pays, contre 53 % en moyenne dans l’Union Européenne d’après l’AIE (Agence internationale de l’énergie). Le nucléaire avait donc été remis au goût du jour lors de l’investiture de Berlusconi en 2008. « Lors de cette législature, nous poserons la première pierre pour la construction dans notre pays d'un groupe de centrales nucléaires de nouvelle génération », avait alors déclaré le ministre du Développement économique de l’époque.
Coup de théâtre à la suite du séisme du 11 mars au Japon : le gouvernement décide d’un moratoire d’un an sur le processus de retour au nucléaire le 23 mars. Puis il envisage de le porter à deux ans jusqu’à la présente annonce de modification du projet de loi. Affaire à suivre…