Paru quelques semaines après le sondage Terra Eco qui sonnait le glas du Grenelle de l’environnement, que 74 % des Français considèrent comme un échec, ce rapport d’évaluation des mesures environnementales conduites jusqu’alors approuve et applaudit la politique de Jean-Louis Borloo. La « dynamique » du Grenelle est « en marche », claironnent les experts qui ont participé à la rédaction du rapport. Sur les 268 engagements pris en octobre 2007, 48 ont été totalement réalisés et 157 sont en passe de l’être. En revanche, 52 autres points clés nécessitent « une réorientation stratégique ou une remobilisation significative ».
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Quelques semaines donc après le cri de mécontentement des Français, ce rapport aux allures d’ovation ressemble fort, pour certains, au bilan d’un ministre sur le point d’obtenir une promotion. Pascal Husting, le directeur de Greenpeace France avoue avoir eu l’impression d’assister à « un pot de départ plutôt qu’à une véritable évaluation du Grenelle ». Or, le ministre, lui, préfère y voir un signal fort d’encouragement. « C’est un rapport d’étape » qui, selon lui, va permettre de « démarrer un nouveau round ». Round politique ou environnemental, telle est la question !
Où en est le Grenelle ?
Les associations de protection de l’environnement affichent une mine plus circonspecte. Du côté d’Agir pour l’environnement, on s’étonne « qu’un rapport d’évaluation puisse être effectué sans auditer les associations de protection de l’environnement ». Simple écran de fumée pour le WWF qui déplore que « les modifications profondes nécessaires du système politique institutionnel n’aient pas été engagées pour répondre à l’ambition initiale du Grenelle ». Bruno Genty, le président de FNE, préfère rester optimiste et espère que « cela ne va pas rester qu’une opération de communication ». Quant au célèbre astrophysicien Hubert Reeves, président de la ligue ROC, il exhorte « le monde associatif de protection de la nature » à « rester vigilant ».
Le Réseau Action-Climat (RAC), en marge de la publication du rapport d’experts, a lui aussi édité son propre bilan. Beaucoup moins élogieux, forcément ! La taxe carbone, censée amorcer la fiscalité écologique, « est désormais renvoyée à une improbable décision européenne ». Les transports, responsables de 26 % des émissions de gaz à effet de serre du pays, « risquent de le rester encore très longtemps », déplore la fédération d’associations citant, pour appuyer son désarroi, la poursuite du programme autoroutier et le report de la taxe poids lourds. Dans le secteur du bâtiment, des progrès ont tout de même été réalisés sur le logement neuf. Contrairement à l’ancien, qui s’enlise. Energie, enfin. Le RAC déplore la primauté du nucléaire et la « galère des énergies renouvelables ».