« Grâce à beaucoup de sagesse, d’énormes efforts et des larmes, nous avons réussi ». C’est avec beaucoup d’émotion que le ministre japonais de l’Environnement, Ryu Matsumoto, qui présidait les débats de la Convention sur la biodiversité, s’est félicité de l’adoption d’un accord. Certes, celui-ci n’est pas légalement contraignant mais il aura au moins eu le mérite de rallier la communauté internationale à une cause trop souvent ignorée. Et pourquoi pas, d’envoyer un signal fort aux participants au Sommet de Cancun sur le changement climatique (29 novembre-10 décembre).
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La biopiraterie, c’est fini !
Si Nagoya a donc été un succès, c’est en partie grâce à l’adoption du Protocole ABS qui rétribue les pays du Sud pour l’exploitation, par les grandes firmes pharmaceutiques et cosmétiques, de leur biodiversité. Un combat qu’ils menaient depuis plusieurs années. Dorénavant, donc, les bénéfices que ces entreprises toucheront devront servir à alimenter des fonds en faveur des pays en voie de développement. Une victoire humaniste et environnementale historique. « Nous avons enfin quelque chose qui va donner de grands résultats pour l’environnement et pour les pauvres qui vont enfin pouvoir gagner de l’argent en échange d’un accès à des matériaux génétiques », s’est enthousiasmé Karl Falkenberg, directeur général du département de l’Environnement à la Commission européenne.
20 objectifs pour 2020
Pour enrayer la perte de biodiversité d’ici 2020, dont l’objectif initial fixé pour 2010 n’est qu’un échec, les pays membres (à l’exception des Etats-Unis qui n’ont jamais ratifié la Convention sur la biodiversité, et ce depuis 1992) ont adopté un plan stratégique en 20 points essentiels. « Les objectifs chiffrés reconnaissent la valeur des bénéfices irremplaçables que la nature fournit à l’homme sous forme de nourriture, de combustible, de fibre ou d’eau potable dont chacun dépend » a conclu Andrew Deutz, responsable de l’organisation américaine Nature Conservancy.
D’ici 2020, il s’agira notamment de supprimer les subventions néfastes pour la biodiversité, de pratiquer une pêche durablement gérée et d’éviter la surpêche. Pour fournir un cadre légal plus contraignant à la protection de la biodiversité, et en assurer la pérennité, les aires protégées ont été étendues. De 13 % actuellement pour les zones terrestres et 1 % pour les zones marines, les surfaces protégées devront représenter, d’ici 2020, 17 % des superficies terrestres et 10 % des zones marines. Enfin, 15 % des écosystèmes dégradés devront être restaurés « contribuant ainsi à l’atténuation des changements climatiques ainsi qu’à la lutte contre la désertification ».
Soulagement et euphorie
Cette victoire historique a délié les langues et ravi les défenseurs de la biodiversité. A commencer par la secrétaire d’Etat française à l’Ecologie, Chantal Jouanno qui a salué « un accord historique et un très grand moment », « un beau pied de nez à tous ceux qui ne croient plus à l’environnement ». Le directeur général du WWF, Jim Leape y a vu une décision politique capitale : « Les gouvernements ont envoyé un message fort affirmant que la protection de la santé de notre planète a une place dans la politique internationale ». La ministre brésilienne de l’Environnement, Izabella Teixeira, compte sur cette victoire pour donner de l’impulsion aux futures négociations climatiques internationales : « Un accord ici peut aider à Cancun, au Mexique en montrant au monde que les négociations multilatérales peuvent aboutir à de réels progrès ». Puissent les hommes l’entendre…