« On aime Greenpeace pour ses actions. Alors c’est désagréable, mais il ne faut pas en faire tout un plat non plus. C’est comme la main de Thierry Henry », a déclaré le député Europe Ecologie Daniel Cohn-Benit sur Europe 1, minimisant la gravité de l’intrusion des militants écologistes dans le Palais Bourbon. Pour Frédéric Mitterand, ministre de la Culture, il s’agit au contraire d’une « atteinte à la démocratie » : « C’est une erreur tactique et c’est une atteinte au fonctionnement de la République », a-t-il lancé sur France 2. « Greenpeace a une légitimité incontestable à parler du réchauffement de la planète. Il n’y a pas besoin de faire irruption de cette manière-là dans l’hémicycle », a quant à lui estimé sur LCI Benoît Hamon, porte-parole du PS.
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Greenpeace, sous le feu des critiques, accusée d’avoir empêché le débat sur Copenhague à l’Assemblée, a donc décidé d’expliquer son coup d’éclat dans un communiqué : « En intervenant à l’Assemblée nationale, au cœur de la démocratie, le jour où les représentants du peuple discutaient de la position de la France à Copenhague, Greenpeace a voulu pousser les élus, et en particulier le premier d’entre eux, le président de la République, à passer à l’action. En alertant nos responsables politiques, nous sommes à notre place et dans notre rôle ». D’où les banderoles déployées, « aux actes, M. le président », faisant allusion à la célèbre phrase de Jacques Chirac lors du Sommet mondial sur le développement durable de Johannesburg, en 2002 : « La maison brûle et nous regardons ailleurs ».
« Ce que Greenpeace a fait, c’est de réveiller un débat démocratique qui est largement insuffisant au regard des enjeux climatiques actuels […] Pour preuve, ce mercredi 2 décembre, l’hémicycle était à moitié vide. Pendant le discours de Jean-Louis Borloo régnait un fort brouhaha. Les députés qui crient aujourd’hui au scandale sont ceux-là même qui ne prêtaient aucune attention au débat sur Copenhague », se justifie l’organisation.
Ni « usurpation d’identité », ni action violente
Bernard Accoyer, président de l’Assemblée nationale, a décidé de porter plainte contre l’association, notamment parce que les militants écologistes auraient « usurpé de fausses identités pour tromper les parlementaires et bénéficier de tickets de séance ». Mais « Greenpeace tient à préciser que ses militants ont eu accès aux tribunes publiques comme peut le faire chaque citoyen (en demandant une invitation au député de sa circonscription et en présentant une pièce d’identité à l’entrée de l’Assemblée). Il n’y a pas eu usurpation d’identité ».
Une alerte à la bombe a par ailleurs été annoncée vers 17h (après l’intervention de Greenpeace), provoquant l’évacuation de l’ensemble des locaux de l’Assemblée nationale pendant près d’une heure. Même si aucun lien n’a été évoqué avec l’intrusion des écologistes, Greenpeace tient à faire savoir qu’elle n’a « rien à voir avec ce dernier incident » et qu’elle « revendique toutes ses actions » qui sont toujours « pacifiques et non-violentes ». Et d’ajouter : « La seule bombe qui ait jamais marqué l’histoire de Greenpeace est celle que le gouvernement français a utilisée pour faire couler notre navire Rainbow Warrior en 1985, faisant un mort ».
L’opération coup de poing de Greenpeace à l’Assemblée nationale, en images :
Interview France 2 de Karine Gavand, chargée de campagne Climat-énergie à Greenpeace, la militante qui est descendue en rappel dans l’hémicycle :