L’affaire remonte à la campagne présidentielle de 2007. Nicolas Hulot avait appelé de ses vœux que l’écologie soit considérée comme un véritable enjeu de développement. A l’époque, l’idée ne souffrait aucune contradiction. Tous les candidats semblaient d’accord et avaient signé le Pacte écologique.
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- cdnrbt, 10 / 09 / 2009 - 16:26
- “La taxe carbone ne sert à rien. Elle ne permet pas de compenser la tonne de CO2 par une autre tonne de CO2, mais de financer les GES. Bref on finance la pollution !”
Deux ans après, les bonnes résolutions ont fondu… comme la banquise, sous l’effet du réchauffement ! Nicolas Hulot, dans une interview au quotidien Libération, a souhaité rétablir quelques points d’achoppement. Tout d’abord, sur les raccourcis que de nombreux acteurs font. A commencer par Ségolène Royal. Sans la nommer, il a critiqué un à un les arguments de l’ancienne candidate à l’élection présidentielle. Les allusions à la seule hausse des prix de l’essence pour justifier la taxe carbone, « c’est une présentation étriquée et simpliste ». Quant au fait d’y voir une taxe socialement injuste, Nicolas Hulot rétorque que seule l’inaction serait dangereuse et injuste. « Soit on organise cette mutation, soit on la subit », a-t-il avancé.
Répondant à tous ceux qui la fustigent après l’avoir acceptée, il estime que la taxe carbone n’est pas un sujet sur lequel il faut polémiquer. « C’est trop grave, ne faisons pas de démagogie. C’est contraire à l’esprit du Pacte écologique que tous avaient signé », a-t-il cru bon de rappeler. La politique délie les langues mais favoriserait les pertes de mémoire. Nicolas Hulot préfère appeler cela de la démagogie.
20 euros la tonne de CO2... au moins !
Quant au prix de la tonne de CO2 émise, elle a aussi fait couler beaucoup d’encre. 32 euros pour Michel Rocard, 15 pour Christine Lagarde, 14 pour François Fillon. Nicolas Hulot se montre plus ambitieux. « Si on considère que le but, c’est de changer les comportements et que le signal prix est un bon levier, alors il faut un niveau de départ plus élevé, à 20 euros au moins ». Tout en réaffirmant la nécessité absolue d’une hausse progressive, au fil des années. Dans le cas contraire, la mesure n’aurait aucun intérêt. « Planifier la hausse, c’est amortir les crises », explique-t-il.
Deux autres points épineux : la redistribution et le cas de l’électricité. Dans sa version originelle, la contribution climat-énergie du Pacte écologique prévoyait de reverser aux ménages plus qu’elle n’imposait. « Dans la majorité des cas, selon nos modèles, ceux qui ont les revenus les plus faibles allaient recevoir plus que ce qu’ils payaient » a-t-il rappelé. Quant à l’électricité, il se montre intraitable, il faudra bien sûr la taxer. « Quand on dit que l’électricité n’émet pas de CO2, c’est faux : dans les périodes de pointe, on va la chercher dans les énergies fossiles ».
Dans ce flot de réactions, alors que Nicolas Hulot, prêcheur d’un développement responsable, tente de rétablir la vérité, un autre Nicolas, le président de la République, doit rendre ses conclusions jeudi prochain. On connaîtra enfin les modalités d’exécution, de redistribution ainsi que le montant fixé pour la tonne de CO2 rejetée. A ce moment-là, il y a fort à parier que les critiques soient vives… et non par idéologie. Vous avez dit esprit de contradiction ?!