Michel Pochitaloff-Huvale, responsable environnement pour IBM France

La société IBM (International Business Machines), Michel Pochitaloff-Huvale l’a connaît très bien : voilà 26 ans qu’il y travaille. Ingénieur chimiste, il a rempli divers fonctions. Avant de se spécialiser dans les activités vertes : responsable du recyclage, de la vente de pièces d’occasion, des opérations d’environnement sur le site de Montpellier. Depuis 2 ans, il est d’ailleurs le responsable environnement pour IBM France (et certains pays méditerranéens). Qui mieux que lui peut nous parler des opérations de recyclage de l’entreprise ?
 

Developpementdurable.com : Que fait IBM pour le recyclage des déchets électroniques ?

Michel Pochitaloff-Huvale : IBM a mis en place ses premières politiques environnementales dans les années 1970. Et depuis, la société n’a eu de cesse d’intégrer ces considérations dans ses procédés, dans la fabrication de ses produits, et dans leur utilisation.
Le recyclage des DEEE (déchets d'équipements électriques et électroniques, ndlr) en est un bon exemple : dès 1995, IBM a pris en compte le reporting de tous ces traitements de déchets instauré en 1989. Une politique qui correspond très bien aux directives européennes. Son site de Montpellier est devenu le centre européen de récupération des serveurs.

dd.com : Comment se passe cette opération de recyclage ?

M. P.-H. : Nous récupérons les serveurs en provenance de toute l’Europe, à l’issue d’une location-vente, puis nous les reconfigurons selon les besoins du client. Ensuite, nous les revendons sous forme de machines, de sous-ensembles, de cartes, de composants, de façon à maximiser la valorisation de ce matériel jusqu’à la boucle d’élimination : séparation des métaux ferreux et non-ferreux (cuivre, fer, aluminium, zamak, acier, différents alliages) et valorisation de chaque composant.
En 2008, IBM a recyclé quelque 43 200 tonnes de matériel dans le monde entier. Le taux de recyclage est de 96,9 %. Et depuis 1995, nous avons traité environ 730 000 tonnes.

dd.com : Pourquoi est-il nécessaire de valoriser les déchets électroniques ?

M. P.-H. : Le gisement d’équipements électriques et électroniques représentent de la matière qui devient de plus en plus rare. Les mines ne sont pas inépuisables. Alors il est nécessaire d’intégrer la notion de développement durable, et la préservation des ressources naturelles. Et celle-ci passe notamment par la valorisation des déchets.
La carte électronique est une bonne illustration : elle contient du plomb, de l’or, de l’argent, du palladium, du cuivre,… des métaux rares et précieux. L’objectif d’IBM, au fur et à mesure de ses procédés, est de valoriser au maximum ce matériel de façon à rendre rentable la boucle de réutilisation.

dd.com : Quel est l’avantage du recyclage pour les entreprises ?

M. P.-H. : La boucle de recyclage que nous proposons à nos clients leur permet d’intégrer les principes du développement durable (trois piliers égaux : l’économie, l’environnement, et le social). Car en ce qui concerne le recyclage, ce n’est pas leur métier de récupérer le matériel et de la valoriser. Une banque, par exemple, manque cruellement de compétences et de connaissances en la matière. IBM a au contraire tout le savoir faire pour effectuer un recyclage dans les règles de l’art.

dd.com : Quels sont les projets d’IBM en matière de recyclage ?

M. P.-H. : Dans la boucle de recyclage, nous allons développer ce que nous appelons le « product stewardship program », qui permet de valoriser au mieux le matériel : nos centres de démantèlement sont connectés avec nos centres de design afin de concevoir des produits plus facilement recyclables et limités en substances dangereuses. IBM cherche également à mettre au point des solutions de plus en plus économes en énergie.

Propos recueillis par Yann Cohignac

Site de IBM France