Géraldine Trapp, Responsable de conférence - Congrès Smart Grids Paris
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Alors que la France est en plein débat sur la transition énergétique, de nouvelles solutions s’offrent à nous pour consommer mieux. Dans le cadre du congrès Smart Grids Paris le 4 juin prochain, Géraldine Trapp, responsable de conférence, nous parle de ces solutions et répond à nos questions sur la transition énergétique.
DeveloppementDurable.com: Le congrès Smart Grids fêtera sa troisième année les 4, 5 et 6 juin prochain. Quels sont les objectifs du congrès pour 2013? Quelles sont les thématiques qui seront abordées ?
Géraldine Trapp : Cette année nous avons décidé de réorienter les thématiques sur les attentes et les besoins du consommateur, alors que précédemment le congrès était davantage orienté sur les technologies se développant autour des smart grids.
Nous distinguerons les usages dans le résidentiel, de ceux du tertiaire et de l’industriel, pour être le plus fin possible dans l’analyse des besoins.
Lors de l’étude des attentes des auditeurs, quant au programme de conférence, il est aussi remonté que la question du financement des smart grids, du business model se posait à plein de niveaux : stockage, effacement, déploiement des compteurs intelligents, mix énergétique… Autant de sujets qui seront abordés lors du congrès.
DD.com : L’an dernier, le projet Linky était un sujet largement abordé au congrès Smart Grids, où en sommes-nous aujourd’hui ?
G.T. : En 2012, le projet Linky a été complètement mis en stand by, du fait de la campagne présidentielle et du changement de majorité qui s’en est suivi. Notre nouvelle Ministre de l’Energie, Delphine Batho, a pris le sujet à bras le corps et s’est exprimé plusieurs fois ces derniers mois sur le sujet. Les smart gris sont à développer car ils représentent une nouvelle filière industrielle (30 000 emplois en perspective d’ici 2030). Grâce aux smart grids, l’efficacité énergétique va prendre une réelle ampleur et le développement des ENR va être facilité en améliorant leur intégration sur les réseaux d’électricité.
Tout ceci sera abordé dans le cadre du débat sur la transition énergétique qu’a initié Madame la Ministre. Le projet Linky devrait être relancé et le déploiement industriel et massif est attendu pour début 2014. Après avoir perdu plus d’un an, ayant entrainé le risque d’être rattrapé par des concurrents étrangers, les industriels français sont dans les starting blocs, car ce projet entraînera dans son sillage un grand nombre d’entreprises et de secteurs très variés.
DD.com : Justement, la France étant en plein débat sur la transition énergétique, où se placent les Smart Grids dans ce débat?
G.T. : Les smart grids, via les compteurs intelligents, l’amélioration des réseaux, les services énergétiques du type effacement vont permettre une meilleure et nécessaire intégration des ENR sur le réseau, et ce à deux niveaux. Tout d’abord nous avions un circuit d’alimentation électrique centralisé, qui partait des centrales nucléaires pour aller vers le consommateur industriel, tertiaire ou résidentiel, or le développement éparpillé des ENR oblige à remettre en cause notre ancien système d’énergie centralisée pour tendre vers un système d’énergie décentralisée, dite « distribuée ». De plus les ENR sont par nature intermittentes, car soumises à l’aléa climatique, ce qui impose de rendre le réseau plus souple pour accepter techniquement des variations de puissance.
Les smart grids jouent un rôle tant en amont du compteur, c'est-à-dire sur le réseau, qu’en aval via le développement de services énergétiques répondant à un souhait d’amélioration de notre efficacité énergétique. Les smart grids vont donc dans le sens de « moins consommer et mieux consommer », ce qui est un des objectifs du DNTE.
DD.com : Quels sont les autres projets Smart Grids pour développer les réseaux intelligents qui seront présentés durant le congrès ?
G.T. : Un autre projet du même ordre que Linky, mais avec un autre compteur sera présenté par le distributeur local d’électricité EBM. Plus de 70 autres projets sont déjà prévus dans le programme de conférence.
Nous avons répertorié des projets dans des sessions thématiques très variées, telles que le smart metering, élec- gaz -eau, l’intégration des ENR, le stockage, l’effacement, les super grids, le smart home/building, smart transport, smart éclairage et smart city.
Les tailles des projets sont aussi variables, entre les très connus issus d’un consortium d’entreprises comme NICEGRID, ISSYGRID, LYON SMART COMMUNITY, GREENLYS, MILLENER et les petits projets comme MOV’EO TREVE, SMART HOCHE ou MIETec MONTDIDIER
Les projets présentés sont réalisés tant en France qu’à l’international, tels que : GRID4EU, SHOWE IT, COOPERATE, TOSA GENEVE, E.HIGHWAY… Dans la mesure où nous réalisons cette année un focus sur le Japon, des représentants japonais vont présenter des projets tels que SENDAI micro grid, TOYOTA CITY ou l’histoire du “Gas Metering in Japan”.
DD.com : Pourquoi faire ce focus sur le Japon? Quelles sont les avancées technologiques de ce pays dans le domaine du développement durable ? Est-il un exemple à suivre?
G.T. : Ce choix de mettre en avant est issu d’une longue réflexion. L’objectif de ce focus international est de faire un état des lieux de l’avancement des smart grids dans le pays en question et d’en tirer les enseignements. Après avoir étudié le cas de l’Inde où de nombreux industriels français sont déjà bien implantés et réalisent un chiffre d’affaires très conséquent, nous avons aussi envisagé la Corée où le gouvernement pousse beaucoup au déploiement des smart grids. Le Brésil a aussi été regardé.
Nous avons arrêté notre choix sur le Japon pour plusieurs raisons :
Suite à Fukushima, une forte volonté du gouvernement et des industriels s’est mis en place pour diversifier la production électrique. Or le déploiement des ENR passe par leur intégration sur le réseau de transport et de distribution d’électricité. Les smart grids via les compteurs et les solutions d’automatisations sont les solutions qui s’imposent. Il est à noter que le gouvernement incite les citoyens à développer un comportement « citoyen » et économe d’énergie, au travers d’une subvention de 1000 euros à utiliser pour l’achat de services énergétiques et d’automatisations, visant une meilleure efficacité énergétique.
Enfin il y a quelques jours une annonce de contrat a été faite quant au déploiement de compteurs intelligents. Le Japon a clairement une ou même plusieurs longueurs d’avance. Le Japon a clairement su rebondir après Fukushima…
DD.com : Pensez-vous que les objectifs de la transition énergétique et notamment la réduction de la part du nucléaire sont compatibles avec la volonté du premier ministre Jean-Marc Ayrault, de renforcer notre compétitivité ?
G.T. : De matière spontanée, je pense que le nucléaire offrant un prix d’électricité très bas favorise la compétitivité des entreprises et le pouvoir d’achat des familles.
Pour diminuer la part de nucléaire et augmenter la part des ENR, il faudrait être prêt soit à payer plus cher notre électricité soit à réaliser de l’auto production couplé à l’auto-consommation, ce qui nous amènerait probablement à la payer plus cher, au moins le temps de l’amortissement des investissements. Dans tous les cas de figure nous serons amener à payer plus cher, la question qui se pose est dans quelle mesure le prix va augmenter. Face à cette évolution inéluctable, allons-nous tout attendre de l’Etat ou des industriels du marché ou allons-nous essayer de l’anticiper et investir dans l’auto production et l’efficacité énergétique ?
Certains habitants et certains industriels ont déjà investi et perçu les retours sur investissements.
DD.com : Les avis divergent, les points de vue sont parfois opposés et pourtant des choix décisifs doivent être pris suite à ce débat. Vous croyez que LA solution idéale qui satisfera tout le monde existe ?
G.T. : Non il n’y a pas de solution unique idéale, je pense qu’il y aura une multiplicité de solutions adaptables au cas de chacun, pour des raisons géographiques, climatiques et de ressources naturelles. Je pense aussi que c’est à chaque individu et à chaque entreprise de se prendre en main afin de réfléchir sur sa consommation, d’identifier les moyens de la limiter par de l’efficacité énergétique passive (isolation des murs, des fenêtres,…) et surtout active (via des changements de comportements pour diminuer sa consommation en diminuant le chauffage, optimisant l’éclairage...).
Une incitation gouvernementale pour favoriser l’auto-production et l’auto-consommation favoriserait une prise en charge de chacun de ses besoins énergétiques.
Propos recueillis par Morgane Burguiere
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