Pour la troisième année consécutive, les Prix Pinocchio vont être remis aux entreprises ayant adopté les pratiques les moins durables. Car en matière de développement durable, ce sont souvent ceux qui en parlent le plus qui en font le moins ! Et c’est bien ce qu’entendent prouver les Prix Pinocchio.
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- marco6669, 21 / 10 / 2010 - 15:29
- “et si on appliquait le prix "Pinocchio" aux hommes politiques, je crois qu'il obtiendrait un vif succès. On aurait que l'embarras du choix!!!”
- tonio35, 21 / 10 / 2010 - 15:04
- “Si le Prix Pinocchio se justifie sur le fond, quand je découvre les entreprises nominés des 3 catégories, je suis tenté de dire qu'à tous les coups l'on gagne ! Et donc l'objet premier qui devrait être ne pas utiliser du vert pour soit disant "laver plus vert" risque de perdre de son attraction légitime et première.
Pourquoi ne pas regarder vers de plus petites entreprises aux budgets de communication plus réduits ou Franco-Français, mais auxquelles on pourrait se poser des questions quant à leur légitimité verte ? C'est peut-être une nouvelle catégorie à inventer pour l'année prochaine.
Si vous prenez par exemple Biocoop, regardez si leur comportement d'achat vis à vis des PME française est différent des autres distributeurs ? La négociation de leur filiale transport est-elle emblématique d'un comportement plus mature ?
Regardez une entreprise comme Sinéo (lavage de voiture sans eau) qui joue à la fois sur le biodégradable et le social en employant des gens en insertion à priori (quels chiffres de réinsertion au final ?)....Vous découvrirez que le jeune fondateur vient de revendre son affaire de franchise au Groupe Norauto, mais se garde bien de le dire sur son site ce qui change tout ! Vous imaginez le potentiel d'image pour ce Groupe très "Greenwashing" non ?
Enfin le "Totem Prix bio moins chers" et son site comparatif, sert qui ? Les consommateurs, ou l'image de Leclerc, faite sur le dos des producteurs et des consommateurs avec les résultats que l'on connait ? En effet, nous sommes assaillis de prospectus qui ne parlent que du prix le plus bas ! Or si l'on regarde la provenance de ces articles, ils viennent tous obligatoirement de l'Asie et de l'Afrique, au prix d'une exploitation de la main d'œuvre, des matières premières et surtout d'un déséquilibre économique mondial insurmontable.....Pourquoi ce phénomène n'est pas mis en exergue dans ce prix Pinocchio ?
Il me semble que nous sommes là dans le coeur du sujet. Les Amis de la Terre ne devraient-t'il pas déjà se préoccuper des Terriens en France.”
Organisés par les Amis de la Terre, en partenariat avec le CRID et Peuples Solidaires, les Prix Pinocchio ont l’ambition de dénoncer les abus de communication verte et de modifier les habitudes des consommateurs qui d’ordinaire plébiscitaient ces entreprises. « Deux ans après la première édition, les Prix Pinocchio démontrent encore malheureusement leur utilité. Tout le monde parle de capitalisme vert et d’économie verte, mais sur le terrain, la réalité est encore une fois bien différente », déplore Aloys Ligault, chargé de campagne Responsabilité des entreprises aux Amis de la Terre.
Des droits humains bafoués
Cette année, dans la catégorie Droits humains, sont nominés Sodexo, Somdiaa, Orange et GDF-Suez. Sodexo, l’empire des services aux collectivités exerce une pression énorme sur ces salariés et prônent la disparition des syndicats. Pour l’ONG Human Rights Watch, l’attitude des managers de Sodexo « sous-entend une culture profondément hostile aux droits d’organisation des travailleurs ». Somdiaa, par le biais de sa filiale camerounaise Sosucam, a signé des baux au Cameroun pour y produire et transformer ses plantations de canne à sucre. Or, les transactions ont été validées sans l’aval des communautés locales. Pire encore, les indemnités prévues ne leur ont pas été versées. Personne n’ignore la vague de suicides qui a agité l’opérateur de télécoms Orange en 2009 et 2010. En cause : le management agressif pratiqué à grands renforts de mutations, de licenciements et de réorganisations internes. Enfin, GDF-Suez devrait déplacer plus de 3 000 personnes au Brésil pour construire le plus grand barrage hydro-électrique du monde. Rappelons que l’année dernière, dans cette catégorie, le groupe Bolloré s’était illustré.
Un environnement dévasté
Dans la catégorie Environnement sont nominés Axa, Total, Eramet et Alstom. L’assureur Axa, sous couvert de placements verts, possède un portefeuille de plus de 600 millions de dollars d’actions dans l’extraction du charbon ainsi que plus de 350 millions d’euros au capital de Suncor, un géant des sables bitumineux. Sables bitumineux toujours, avec Total, qui, au Canada, déboise, pompe des milliers de litres d’eau et déblaye des tonnes de terre pour produire un baril de pétrole. Résultat : les émissions de gaz à effet de serre du Canada ont grimpé de 26 % entre 1990 et 2008. Eramet, leader mondial de l’exploitation du nickel, a obtenu un permis sur l’île de Halmahera en Indonésie. Or, cette zone abrite une faune et une flore d’une extrême richesse mais aussi hautement menacées. Pas moins de quatre espèces d’oiseaux et sept espèces d’amphibiens inscrites sur la Liste Rouge de l’UICN. Enfin, Alstom prévoit de générer, avec sa centrale thermique d’Afrique du Sud, 4 800 mégawatts d’électricité à partir de… charbon. Total réitérera-t-il la victoire de l’année précédente ?
Des messages mensongers
Dernière catégorie : les as du greenwashing. Ici s’affrontent le Crédit agricole, la SNCF, l’aéroport de Beauvais et Dacia. Une publicité du Crédit Agricole vante un monde harmonieux retrouvé grâce au « sens commun » de la banque française. C’était sans compter sur l’émission, en 2005, de 200 millions de tonnes de CO2 induites par les projets qu’elle finance. Personne n’a pu passer à côté de la publicité de la SNCF qui vante des émissions de CO2 nulles… ou presque ! La SNCF semble oublier que toutes les étapes du cycle de vie des trains doivent être prises en compte dans le calcul des émissions. Cette publicité exagère donc le côté « vert » de son produit. Même faute pour l’aéroport de Beauvais qui associe un avion à une feuille verte. Or, les vols ont augmenté… et les émissions de GES, avec ! Renault/Dacia, de son côté qualifie son 4X4 Duster de « respectueux de l’environnement ». Etrange pour un véhicule n’émettant pas moins de 172g de CO2/km. L’année dernière, EDF s’était largement illustré dans cette catégorie.
Rendez-vous donc le 9 novembre prochain à 17h30 au Comptoir Général, 80 quai de Jemmapes pour la présentation des pires acteurs du développement durable.
Pour y assister, consultez le site des Prix Pinocchio ainsi que celui des Amis de la Terre