Environnement
OGM : le point sur une agriculture controversée
Anti-OGM : les cultures transgéniques ne passeront pas !
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- « Les risques de contamination dans l'eau, dans le sol, sur les animaux, tout cela est avéré. Ce n'est donc pas seulement une question de santé publique, c'est une question d'environnement, de biodiversité, et de possibilité pour les autres formes d'agriculture d'exister »
Pour ou contre ? L’utilisation des OGM est très largement controversée. De nombreuses associations écologistes, mais également des politiques ou encore des scientifiques tentent de démontrer le côté néfaste des cultures génétiquement modifiées et s’opposent fermement à leur développement dans notre agriculture. De nombreux contradicteurs craignent une contamination des espèces biologiques qui conduirait rapidement à un déséquilibre environnemental.
Le mouvement anti-OGM rassemble l'ensemble des actions légales, comme les campagnes de sensibilisation, ou illégales, telles que des destructions de plantations, menées par les groupes de pression qui s'opposent au développement des organismes génétiquement modifiés (OGM) et à leur promotion par l'industrie agro-alimentaire, notamment l'entreprise Monsanto, qu'il accuse de lobbying. Selon eux, les OGM présentent des risques, sur le plan éthique (brevetage du vivant), sanitaire (impact sur la santé humaine), et environnemental (atteinte à la biodiversité). Ils accusent aussi ces cultures d’avoir un impact négatif sur l’économie. Ils craignent une perte de valeur des cultures de l'agriculture biologique en cas de dissémination trop importante, et une perte de la souveraineté alimentaire.
Des risques pour la santé ?
Les opposants aux cultures transgéniques mettent souvent en avant les risques qu’elles peuvent représenter pour la santé. Une étude de l’Afssa (Agence française de sécurité sanitaire des aliments), publiée il y a quelques semaines, explique par exemple que le maïs de Monsanto ne peut être considéré comme dangereux pour la santé. Une déclaration qui a immédiatement fait réagir José Bové. Selon lui, il s’agissait d’un « coup de force du lobby pro-OGM, des industriels qui voudraient déstabiliser le ministre de l'environnement avant le débat à Bruxelles » (le 16 février dernier). Pour lui, la santé de l’homme est menacée. « Les risques de contamination dans l'eau, dans le sol, sur les animaux, tout cela est avéré. Ce n'est donc pas seulement une question de santé publique, c'est une question d'environnement, de biodiversité, et de possibilité pour les autres formes d'agriculture d'exister ».
Un vrai risque de contamination
Ancien porte-parole de la Confédération paysanne, José Bové est un militant anti-OGM de la première heure. Une lutte qui se traduit parfois par des procès, séjours en prison et de nombreuses amendes pour avoir arraché des cultures OGM dans des champs. Des actions qui lui ont valu une forte médiatisation et une notoriété nationale. Le leader altermondialiste met souvent en avant le risque de contamination des cultures qui se trouvent à proximité des champs d’OGM. « Si les OGM se développent, à partir du moment où les risques de contamination sont réels et établis dans un rayon d'au moins 100 kilomètres, les autres formes d'agriculture disparaîtront ».
Une menace pour le bio
Les associations telles que Greenpeace militent aussi pour la disparition des OGM dans l’agriculture. En raison du principe de précaution selon l’association écologiste. « Nous considérons que, dans l'état actuel des connaissances et des rapports de force qui s'instaurent entre les industries, d'une part, et les agriculteurs et les consommateurs, d'autre part, il est prudent de ne pas autoriser la dissémination commerciale des OGM ». Greenpeace redoute les effets que les OGM pourraient avoir non seulement sur l’environnement mais également en matière de santé publique et sur l’agriculture mondiale.
Selon Greenpeace, la culture des OGM ne profite qu’à une poignée de multinationales. Leur argument : régler le problème de la faim dans le monde. « Certaines multinationales essaient de nous faire croire que les OGM sont utilisés pour obtenir de meilleurs rendements et réduire la faim dans le monde. Les récoltes sont pourtant suffisantes pour nourrir toute la planète, le problème vient de la répartition des aliments », conteste l’association. De plus, ces cultures empêchent le développement de l’agriculture biologique. « Si un agriculteur biologique cultive son maïs non loin d'un champ de maïs transgénique, il lui sera impossible d'empêcher que sa production ne soit polluée par le maïs voisin ». Même son de cloche du côté de France Nature Environnement qui s’inquiète de voir l’agriculture devenir dépendante des industries semencière et chimique. « Plutôt que s'engager dans une telle fuite en avant technologique, notre agriculture a tout intérêt à développer des modes d'exploitation durable et de qualité, basés sur la diversité et la spécificité de ses terroirs et s'appuyant des méthodes agronomiques efficaces ».
Les politiques et les OGM
Les Verts sont très engagés dans la lutte contre les OGM. Un positionnement qui s’explique par le respect du principe de précaution sanitaire envers la population, des choix et des modes de production des agriculteurs et de la biodiversité sur l’ensemble de la planète. Le parti politique réaffirme aussi son opposition au principe du brevetage du vivant. La lutte anti-OGM pour les Verts c’est l’« affirmation de nos engagements vis à vis des pays du Sud et de notre rejet de tout marchandage quant à la lutte contre la faim ou les maladies infectieuses ». Lors du refus des pays européens d’imposer à l’Autriche et à la Hongrie la culture de maïs génétiquement modifié, les Verts européens ont accueilli la nouvelle avec soulagement. « La Commission n'a pas compris que ni les Etats ni les consommateurs n'en veulent », a affirmé Monica Frassoni, coprésidente des Verts au Parlement européen.
Ancienne ministre de l’Environnement, Corinne Lepage s’oppose à la commercialisation du maïs transgénique. Lors de l’annonce des résultats de l’étude de l’Afssa, la vice-présidente du MoDem a déclaré qu’il s’agissait d’un rapport scandaleux. « Je ne connais pas l'étude sur le MON 810 puisqu’elle est secrète. En revanche, je connais parfaitement celle du MON 863, faite par Monsanto, sur l'impact sanitaire des OGM. Cette étude montre qu'il y a des effets importants, statistiquement significatifs dit Monsanto lui-même, sur les rats qui ont consommé cet OGM », a-t-elle déclaré.
Yann Cohignac
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