Étendu sur une centaine de millions d’hectares, le massif forestier congolais a été soumis récemment à des règlementations européennes visant à contrôler l’importation de bois sur le vieux continent. Cependant, un rapport de l’ONG britannique « Ressource extraction monitoring » (REM) nous explique que ces réglementations n’ont en aucun cas affaibli un trafic de bois déjà bien huilé. Coupes illégales, grumes maquillées, permis artisanaux détournés, les sociétés multinationales en relation avec les autorités utilisent tous les moyens pour récolter leurs biens.
Objet de convoitise, le « Wengé », un bois noir, veiné et lourd est acheté 5 euros au mètre cube à des communautés locales. Arrivé au port et chargé sur un bateau, ce mètre cube de Wengé coûte 450 dollars, les taxes étant définies sur ces montants. À son arrivée en Europe il est vendu entre 5000 et 8000 dollars nous explique un expert, souhaitant rester anonyme. C’est dire le manque à gagner énorme pour l’Etat congolais et les populations !
Plus récemment, Greenpeace Afrique dénonçait le débarquement légal à Anvers d’une cargaison de 40 mètre cubes d’Afromasia, un autre bois rare utilisé pour la décoration, dont l’origine était illégale selon l’ONG : « La Belgique a placé les intérêts des entreprises de bois au-dessus de la protection des forêts du Congo et des populations qui en dépendent pour leur subsistance», estime Raoul Monsembula, coordonnateur national RDC pour Greenpeace Afrique. Préférant rester anonymes, au risque de perdre leur emploi, plusieurs défenseurs de l’environnement ont bien témoigné de l’acheminement complet de cette cargaison jusqu’au cargo l’emmenant vers la Belgique.
Greenpeace passe à l’acte
Photos à l’appui, Greenpeace dénonce dans son rapport de Mars 2013 de nombreuses sociétés européennes ayant abusé du bassin forestier. Sur ces photos on peut observer des camions transportant de lourdes grumes de Wengé sans inscription, des souches d’arbres non numérotées mais également des bois saisis par la police et remis illégalement dans le circuit commercial.
D’autre part, alors que des restrictions sociales et environnementales ont été imposées aux exploitants industriels, le ministère congolais de l'Environnement a attribué un nombre de permis artisanaux bien supérieur au chiffre autorisé, favorisant ainsi les coupes. Pour parfaire cet acte illégal, ces permis ont été attribués à des sociétés servant de prête-nom à des intérêts étrangers et nationaux, explique l'expert qui dénonce, comme l'a fait également l'ONG Global Witness, ce «laxisme».
Au sein même de la forêt, notre expert affirme à l’AFP que le bois se monnaie et s’échange contre des paquets de cigarettes, des sacs de farine ou même un fusil de chasse. Cet expert ayant travaillé longtemps à Kinshasa s’insurge contre cette réalité et s’inquiète surtout du prochain projet de décret qui prévoit d’ autoriser de nouveaux permis pour 50 000 hectares à de nouvelles coopératives et associations. Ces dernières ne pourront de toute évidence exploiter seules la totalité des terrains et ouvriront donc naturellement la porte à de nouveaux trafics…
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