Lundi 11 juillet, la Commission européenne a rappelé à la France son devoir d'assurer la survie de l'ours brun dans les Pyrénées. « Les lâchers effectués par la France dans la partie centrale des Pyrénées ont permis de reconstituer progressivement une population », a expliqué le commissaire européen de l'Environnement Janez Potocnik. Et « la décision probable de la France de lâcher une femelle dans le noyau occidental qui ne comporte que des mâles est donc une mesure positive », a-t-il estimé.
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Certes, M. Potocnik reconnaît que « c'est à chaque Etat de décider des mesures à prendre pour atteindre l'état de conservation favorable ». Mais l'ours brun est protégé par la législation européenne sur l'habitat. Aussi, si la Commission européenne juge que les mesures employées pour assurer cette protection sont insuffisantes, elle peut alors traduire un Etat devant la Cour européenne de Justice de Luxembourg.
Histoire d’un retour en arrière
Si la Commission européenne se permet un petit rappel à l’ordre, c’est que la France a décidé début juin de ne plus lâcher, dans l’immédiat, une ourse dans le Béarn (Pyrénées-Atlantiques), estimant qu’il ne fallait pas davantage accabler les éleveurs déjà très touchés par la sécheresse. Or il s’agissait d’un engagement pris par Chantal Jouanno, ex-ministre de l’Ecologie, pour qui il n’y aurait « pas de réintroductions massives », mais un remplacement de « chaque ours mort accidentellement ». Et comme Franska avait été tuée en août 2007 près de Lourdes par un automobiliste, elle devait être remplacée.
Les anti-ours peu inquiets
Les personnes en faveur de la réintégration des ours sont satisfaites de la position de Bruxelles, qui a « rappelé à la France son obligation de restaurer une population viable dans les Pyrénées, ce qui passe par le lâcher d'au moins 17 ours (estimation des services de l'État) », se réjouit Alain Reynes, directeur de l'association Pays de l'Ours-Adet.
Pour le lobby anti-ours, la déclaration de Bruxelles n'est cependant pas alarmante. « Les amis des ours ne savent plus à quel saint se vouer », ironise Philippe Lacube, président de l'Association pour le développement durable de l'identité des Pyrénées (Addip). « En France, ils vont d'échec en échec, alors ils se tournent vers madame Europe ». Quant à Bruno Besche, vice-président de l'Addip, il assure qu’« en l'état actuel de la législation, la Commission européenne ne peut pas contraindre la France à procéder à des réintroductions d'ours ».
La réintroduction de l’ours : un lent processus
Le programme de réintroduction d'ours slovènes dans les Pyrénées françaises a commencé en 1996 et 1997 avec le lâcher de deux femelles slovènes, Giva et Melba, et d’un mâle, Gyros. Malgré la forte opposition des associations d'éleveurs, cinq autres ours en provenance de Slovénie (les femelles Palouma, Franska, Hvala, Sarousse, et le mâle Balou) ont été réintroduits en Haute-Garonne et dans les Hautes-Pyrénées entre avril et août 2006.
Le sort de l'ours dans les Pyrénées divise profondément détracteurs et défenseurs. Pour ses opposants, la présence de l'animal dans les Pyrénées n’est pas compatible avec le pastoralisme, et plus généralement avec le développement de l'économie locale.