L’équipe de recherche européenne prévoit une hausse du niveau des océans de 36,8 cm en 2100 suite à la fonte des glaces. En ajoutant d’autres facteurs externes qui pourraient aggraver la situation, le niveau des océans pourrait augmenter de 69 cm ; soit une estimation plus importante que celle publiée dans le rapport de 2007. Dans ce dernier rapport du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), les estimations sur les conséquences du réchauffement climatique étaient déjà extrêmement détaillées. Alors qu’ils estimaient que le niveau des océans augmenterait entre 18 et 59 cm en 2100, les experts étaient incertains sur le rôle joué par la fonte des glaces et des glaciers montagneux.
Afin de combler ce manque d’informations, l’Union Européenne a fondé un nouveau groupe d’experts issus de 24 institutions en Europe, dont leur mission primordiale était d’établir un rapport précis sur les chiffres des fontes des glaces et des glaciers en Antarctique et au Groenland, et de mesurer l’impact de ces fontes sur les océans. Appelé « Ice2sea », le groupe de scientifiques a établi selon eux, les meilleures estimations actuelles sur l’impact des fontes, en se basant sur leurs calculs d’émissions de carbone qui augmenteront les températures globales de 3,5 degrés à la fin de ce siècle.
Selon le coordinateur du programme Ice2sea, Prof. David Vaughan, les fontes de glace et glaciers contribueront à une hausse entre 3,5 et 36,8 cm des niveaux de mer en 2100. Alors que la marge qui existe dans cette hausse peut paraitre importante, les scientifiques assurent qu’il s’agit de calculs solides basés sur plusieurs avancées établies depuis le dernier rapport en 2007.
« Afin d’amener des informations précises, il faut être capable d’étudier en détail les différentes plaques de glace. Parfois ces plaques de glace font plusieurs centaines de mètres de profondeur et la majorité d’entre elles s’étendent sur des centaines de kilomètres. Vu leur énormité, le travail informatique nécessaire est colossal ! » affirme Tony Payne, professeur à l’université de Bristol.
Malgré les progrès effectués, beaucoup de facteurs externes sont encore difficilement estimables, qui pourraient considérablement modifier les estimations. C’est pour cette raison qu’il a été demandé aux principaux scientifiques d’estimer le pire scénario envisageable. Ils en ont conclu qu’il y avait une chance sur 20 que la fonte des glaces conduirait à une augmentation des niveaux de mer de plus de 84 cm, tout en affirmant qu’il y avait 95% de chances que ce chiffre ne soit pas dépassé.
Alors que les fontes de glaces contribuent majoritairement à la montée des niveaux d’océans, d’autres importants facteurs tels que la dilatation thermique, causée par le réchauffement des eaux est également à prendre en compte. Ce facteur est estimé à provoquer une hausse des niveaux de mer de 3 mm chaque année. Si l’on ajoute cette donnée aux fontes des glaces, les scientifiques affirment que l’impact maximal sur les mers formera une augmentation de l’ordre de 69 cm, soit 10 cm de plus que dans le rapport du GIEC en 2007.
« Nous parlons ici d’une nette réduction de notre incertitude concernant les augmentations du niveau des eaux. Notre confiance dans nos estimations est bien plus forte aujourd’hui qu’elle ne l’était dans notre rapport de 2007 » garantit Prof. David Vaughan.
Les scientifiques incluent également des projections sur l’augmentation du niveau des eaux en Europe. Ils estiment que les Iles Britanniques feront face, dans le pire des scénarios, à une augmentation d’un mètre du niveau de la mer en 2100. Suffisant pour submerger le barrage de la Tamise et voir la ville de Londres inondée une fois tous les dix ans. Cependant, les rechercheurs insistent sur le fait que ces chiffres ont très peu de chances d’être atteints : « Nous parlons toujours en dizaines de centimètres d’augmentation, voir d’un mètre maximum, aucune de nos expériences suggèrent des hausses de 2,3 ou 4 mètres, comme on pouvait l’entendre avant la création du groupe Ice2sea » conclut Prof. David Vaughan.
Néanmoins, les scientifiques affirment que l’augmentation des niveaux des eaux en conformité avec leurs projections pourraient rendre certaines iles du Pacifique inhabitables. De plus, si les émissions de dioxyde carbone ne sont pas réduites, alors le niveau de la mer sera significativement plus élevé que les estimations d’Ice2sea en 2100.
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