Les plus grandes préoccupations viennent actuellement des réacteurs 1, 2 et 3 en fusion partielle et des piscines des réacteurs 3 et 4, dont les niveaux sont trop bas, et qui sont entrées en ébullition. Ces piscines, situées à l’aplomb des réacteurs, contiennent le combustible usagé. Elles sont situées hors de l’enceinte de confinement et l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) suspecte une perte d’étanchéité au niveau de celle du troisième réacteur.
L’exploitant TEPCO et les autorités japonaises poursuivent leurs efforts pour refroidir le combustible nucléaire. Des largages par hélicoptère et des camions équipés de canons permettent de projeter des tonnes d’eau sur les réacteurs.
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L’opérateur a par ailleurs annoncé qu’une ligne électrique haute tension avait pu être posée jusqu’à la centrale et que sa connexion pourrait intervenir d’ici samedi. Elle permettrait ainsi de relancer les pompes nécessaires au refroidissement des réacteurs et des barres de combustible usé, condition sine qua non à une amélioration de la situation. Grégoire Deyirmendjian, du comité de direction de l’ASN (Autorité de Sûreté nucléaire) en charge des régions Rhône-Alpes et Auvergne, nuance : « L’alimentation électrique est un point positif mais utile uniquement pour les équipements non endommagés, la situation deviendra acceptable quand l’exploitant aura rétabli un refroidissement pérenne ».
Quelles conséquences ?
Il n’y a pas de risques d’explosion comme à Tchernobyl, accident de criticité où la réaction en chaîne s'est emballée pour libérer une puissance beaucoup plus forte que la puissance nominale du réacteur (en fonctionnement). Ici, les réacteurs sont à l'arrêt : la puissance à évacuer est très inférieure (probablement moins d'1 % de la puissance nominale à l'heure actuelle) et décroît exponentiellement avec le temps. Cependant, il faut absolument continuer à refroidir le combustible.
Les opérations de décompression volontaire des enceintes conduisent toujours des rejets radioactifs. Le régime de vent actuel permet pour l’instant de disperser les émissions dans le Pacifique. La zone d’évacuation autour de la centrale a cependant été portée de 20 à 30 km. D’après l’IRSN, la radioactivité relevée par les balises de mesure à Tokyo reste faible et ne nécessite pas d’action particulière de protection des populations.
Les rejets radioactifs
Les rejets radioactifs sont des éléments volatiles, principalement de l’iode 131 et du césium 137, qui ont respectivement des périodes radioactives (temps nécessaire à la désintégration de la moitié des atomes) de 8 jours et 30 ans Ils font partie des nombreux produits de fission de l'uranium : ce sont des déchets ultimes.
L'iode a un effet sanitaire immédiat puisqu’il se fixe très vite sur la thyroïde, c’est pourquoi des pastilles d’iode sont déjà distribuées préventivement (elles saturent la thyroïde en iode afin d’éviter que l’iode 131 radioactif ne vienne s’y fixer). Mais il a également la propriété de se transformer assez vite en iode stable (temps de demi-vie très court), alors que le césium radioactif perdure pendant des années avant de se désintégrer. Il s’accumule ainsi dans les plantes, les animaux… et pollue durablement l’environnement.
Surveillance de la radioactivité de l'air en France
L’IRSN se veut transparent : il donne un accès direct aux taux de radioactivité dans l'atmosphère ambiante en France sur son site en ligne. Les données sont affichées avec un décalage d'une heure en nanosievert, soit 10-6 millisievert (rappel : la limite autorisée pour les travailleurs du nucléaire en France est de 20 millisieverts/an).
Suivre la radioactivité dans l’atmosphère en France