600 experts venus des quatre coins du globe se sont déplacés à Megève pour discuter des montagnes européennes devenues « les premières victimes du réchauffement climatique ». Les rapports du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) sont sans équivoque : les glaciers alpins ont perdu entre 20 % et 30 % de leur volume depuis 1980 et pourraient à ce rythme régresser de 30 à 70 % de leur volume actuel d’ici 2050.
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Comme le Giec est parfois sujet à caution, citons l’Agence européenne de l’environnement (AEE) pour qui la température moyenne des Alpes aurait augmenté de 1,5°C en un siècle soit deux fois plus vite que le réchauffement total du globe terrestre (de + 0,74 à + 0,81°C). A terme, c’est une augmentation des températures de + 2,6 à + 3,9°C qui est à prévoir d’ici 2100.
Or, les Alpes sont le « château d’eau » de L’Europe : la perturbation de son cycle de l’eau représente une « menace de pénurie d’eau douce » pour les populations, estime Jean-François Donzier, directeur de l’Office international de l’eau et initiateur des Etats Généraux de l’eau en Montagne. En effet, les montagnes sont au cœur du système hydraulique des grands fleuves européens : la fonte de leurs glaciers déstocke, au printemps, l’eau qui alimente les fleuves (Rhin, Rhône, Pô etc.) en période estivale. Une perte de volume de ces glaciers entrainerait une sécheresse accrue des cours d’eau. On observerait alors, d’ici 2100, une réduction des débits des fleuves de 17 % au printemps jusqu’à 55 % en été.
Dans ce scénario catastrophe, la période hivernale réserverait également son lot de surprises : du fait du « réchauffement alpin », les précipitations ne tomberont plus sous forme de neige mais de pluies avec un risque de gonfler les cours d’eau et d’aggraver les inondations des fleuves dans les plaines.
Répercussions énergétiques
Au delà des bouleversements écologiques à proprement parler (érosion, glissement de terrain, dégradation de la qualité des rivières, modification de la faune et de la flore montagnardes), la mise en péril des Alpes pourrait entrainer des répercussions économiques non négligeables avec, en première ligne, une fragilisation de notre développement énergétique : production hydroélectrique et nucléaire.
En effet, moins de débit équivaut à une perte d’énergie activée par la force de l’eau et donc au final une baisse de la production d’électricité qui pourrait ainsi avoisiner les 15 %. Quand on sait que le parc hydraulique d’EDF présent dans les Alpes, Unité de production Alpes (120 centrales, 132 barrages), permet de produire 15 milliards de Kilowattheure par an, il est facile de juger de l’importance de la perte.
L’énergie nucléaire pourrait également pâtir de cette situation, estime Jean François Donzier dans une interview accordée à Libération : « Que feront les « EDF » de chaque pays pour refroidir leurs centrales thermiques et nucléaires en pleine canicule estivale alors que les rivières seront à sec ? »
C’est donc bel et bien toute notre stratégie énergétique qui pourrait « tomber à l’eau », si nous ne préservons pas nos massifs montagneux.