A la surface d’un bassin verdâtre, une mixture constituée de 70 % d’eau de la Mer Morte et 30 % d’eau de la Mer Rouge, flotte un dépôt d’algue blanc. C’est le bassin n°9, crée en mars 2003. A côté se trouve le bassin n°8, créé il y a un an et contenant exactement les mêmes proportions d’eau de la Mer Morte et de la Mer Rouge. Pourtant, son eau est rouge. Personne ne sait pourquoi les deux bassins sont différents mais les écologistes et les industriels sont inquiets. Ces bassins de mélange d’eau au sein du complexe industriel de Dead Sea Works, font partie d’un programme ambitieux et controversé de construction d’un conduit destiné à injecter, par pompage, l’eau de la Mer Rouge vers la Mer Morte afin de la remplir. C’est une attraction pour touristes qui veulent flotter dans ses eaux et s’enduire de sa boue revitalisante. Mais le niveau de la Mer Morte a baissé de 25m en 50 ans et continue de diminuer à raison d’un mètre par an.
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- domdedom, 24 / 06 / 2010 - 1:53
- “"La quantité d'eau sera égale à l'évaporation " ... quand il restera 2 % de la surface de la mer (évaporation) c'est à dire ce qu'il reste du jourdain d'après votre article : "Israël, la Jordanie et la Syrie qui détournent 98 % de sa source..."
Autant dire qu'il restera une mare et non plus une mer !”
La disparition progressive de la Mer Morte alarme les écologistes, les industriels et les professionnels du tourisme depuis des années. Elle est le fait de 3 pays : Israël, la Jordanie et la Syrie qui détournent 98 % de sa source, le feu abondant fleuve Jourdain, pour fournir de l’eau à leurs habitants. (L’autre impact a été de priver d’eau les communautés palestiniennes et les entreprises de la rive Ouest.) L’autre coupable est l’industrie : les eaux de la Mer Morte ont été détournées vers des bassins d’évaporation pour l’extraction de minerai. Pour résoudre ce problème, la Banque Mondiale a lancé une étude devant définir s’il est possible de capter l’eau de la Mer Rouge par des tunnels, des tuyaux et des canaux afin de remplir la Mer Morte. (…) Le plan, estimé à 15 milliards de dollars est largement supporté par Israël et la Jordanie. Mais les écologistes et les industriels, habituellement farouchement opposés, s’inquiètent des conséquences. « La couleur rouge du bassin n°8 est due à la multiplication des bactéries, explique le Dr Joseph Lati, en charge de l’expérience. Les algues indiquent que le mélange à grande échelle encouragerait la production d’organismes vivants dans une mer sans vie ».
La Dead Sea Works et une coalition d’associations écologistes conduite par les Amis de la Terre Moyen-Orient craignent que cette étude ne soit menée dans la précipitation et que les alternatives ne soient pas correctement considérées. Les gouvernements derrière ce projet font pression pour que l’étude donne « certains résultats » assure Gidon Bromberg, directeur des Amis de la Terre Moyen-Orient en Israël. « Ils feignent de chercher des alternatives. Les consultations publiques se résument à des QCM ». Bromberg ajoute que le projet de canalisation ne tient pas compte de l’origine de la disparition de la Mer Morte. Si Israël, la Jordanie et la Syrie diminuaient de moitié la quantité d’eau qu’ils détournent du Jourdain, la Mer Morte se stabiliserait. Cela supposerait la fin l’approvisionnement gratuit en eau pour l’agriculture et soulèverait des questions fondamentales. « Est-il nécessaire de cultiver des bananes dans le désert ? Est-il nécessaire d’utiliser de l’eau potable pour les toilettes ? »
« Le Mer Morte ne disparaitra jamais totalement », assure Bromberg. L’eau continue de s’infiltrer dans la mer depuis le sol et alors que le niveau de la mer continue de baisser, l’évaporation ralentit. « Il arrivera un moment où la quantité d’eau alimentant la mer sera égale à l’évaporation », explique Bromberg, « ce qui conduira à la stabilisation de la mer ». La solution, selon Noam Goldstein de Dead Sea Works, repose à l’autre bout de la Mer Morte : « La meilleure solution est de faire en sorte que le Jourdain coule de nouveau, c’est ce que la nature avait prévu ».
Pour lire l'article en version intégrale et en anglais : site du guardian