Le Brésil vient d'accorder le permis pour la construction du très controversé barrage hydroélectrique qui sera situé au cœur de la forêt amazonienne, sur le fleuve Xingu (nord de l'Etat de Para). Ce projet d’un montant de plus de 11 milliards de dollars devrait apporter une réponse efficace aux besoins en électricité du Brésil mais préoccupe les écologistes et les 20 000 à 30 000 Indigènes qui devront être déplacés. Ce barrage conduirait à l’inondation de 500 km² de forêt.
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Aux inquiétudes concernant l’environnement et la situation des Indigènes, le gouvernement répond que les 30 millions d’euros investis dans des études environnementales sont une garantie fiable. Le Brésil prévoit de construire le troisième plus grand barrage du monde (11 000 MW), derrière celui des Trois-Gorges en Chine (18 000 MW) et celui d'Itaipu (14 000 MW) à la frontière entre le Brésil et le Paraguay. Les travaux devraient commencer en septembre. « L'impact sur l'environnement existe, mais il a été pesé, calculé et réduit », a indiqué Carlos Minc, ministre de l’Environnement brésilien. « Des mesures seront prises pour prévenir l'extinction de certaines espèces animales et protéger la subsistance de ceux qui gagnent leur vie grâce à la pêche », a-t-il précisé. Mais les Indigènes du Brésil jugent la construction dévastatrice pour l’environnement. « Nous construirons là-bas (le site du chantier) un village permanent et nous ne sortirons pas de là tant que le projet sera à l'ordre du jour », a indiqué l’un d’eux. Beaucoup de tribus indigènes vivent dans les 500 km² concernés dont les Kayapos. Leur chef Raoni considère ce projet comme une déclaration de guerre. « Nous irons tuer les Blancs qui construisent ce barrage. Il est temps que l'on récupère ce qui nous appartient », a-t-il ajouté.
Si les indiens avaient tout compris ?
A défaut de technologie, les indiens ont au moins le mérite de vivre depuis des millénaires sans menacer leur environnement, qui, ils l’ont compris, est leur bien le plus cher. Ces Indigènes sont en réalité des philosophes exempts de toute avidité matérialiste. Ils ne vivent pas comme nous, non pas parce qu’ils n’en auraient pas la capacité mais parce qu’ils ont vite compris et subi les conséquences du mode de vie occidental. Pour preuve, ils connaissent « l’homme blanc », savent de quoi il est capable mais tout ceci ne suscite chez eux que scepticisme et pitié. Les Indigènes ne comprennent pas les incohérences de la civilisation qui, pour récolter la félicité, cultive la désolation. La citation de Claude Lévi Strauss, tirée d’un texte de l’ethnologue écrit à l’occasion de sa remise du prix Catalunya en 2005 ne peut trouver meilleur contexte : « Les droits de l'humanité cessent au moment où leur exercice met en péril l'existence d'autres espèces. ». Ici, il s’agit bien sûr d’autres espèces puisque les 500 km² de terre bientôt submergés abritent d’innombrables animaux et végétaux, endémiques qui plus est.
Mais le barrage menace également les humains eux-mêmes, les Indigènes qui vivent dans cet écosystème. Cet affrontement révèle aux hommes modernes la menace qu’ils sont pour eux-mêmes. Si les Indigènes sont les premiers à être touchés par les massacres écologiques, ils ne sont certainement pas les derniers. Le barrage symbolise la fracture éthique entre deux franges de l’humanité qui s’opposent par la vision qu’ils ont de leur place au sein de la nature. Hommage indirect à Chico Mendes, fervent défenseur de la forêt, qui était parvenu à freiner la déforestation en plusieurs endroits, malgré les pressions des propriétaires terriens. Excédés, ils le firent assassiner en 1988.