Les faits remontent au 4 mai 2006, date à laquelle l’Argentine avait déposé une première plainte contre l’Uruguay pour avoir autorisé « unilatéralement » la construction de deux usines de pâte à papier. L’affaire est bien transfrontalière car lesdites usines devaient être implantées sur les bords du fleuve Uruguay.
Laissez un commentaire :
Votre commentaire (min. 40 caractères)
Quand l’Argentine aurait dû, comme le stipule un traité de 1975, demander l’avis des Uruguayens pour la construction des usines en bord du fleuve, l’histoire s’est déroulée autrement. L’Argentine avait donc demandé à la Cour internationale d’ordonner l’arrêt des travaux. Mais le 13 juillet 2006, la Cour rend son verdict : les travaux de construction de l’usine de pâte à papier peuvent continuer. Mais les Argentins, insatisfaits de la décision rendue, décident de contre-attaquer. Depuis l’été 2006, en effet, ils bloquent le pont principal reliant les deux pays. La bataille judiciaire loin d’être terminée, l’Uruguay saisit à son tour la Cour internationale le 29 novembre 2006 afin qu’elle intime l’ordre aux bloqueurs de lever le siège. Refus catégorique de la Cour.
Des rejets de polluants, des algues toxiques, des odeurs insupportables…
L’usine du papetier finlandais Botnia a donc bien vu le jour en novembre 2007. Depuis, c’est une salve de critiques qui s’abat quotidiennement sur les Uruguayens. Dernier rebondissement en date : hier (14 septembre), l’Argentine a donc accusé l’Uruguay de causer des « dommages irréversibles à l’écosystème ». En effet, depuis la mise en route de l’usine, les riverains constatent le développement d’algues toxiques, jusqu’à 25 km en amont du fleuve. Odeurs insupportables, rejet de polluants ; les habitants craignent pour leur santé. Et on les comprend, la France n’a-t-elle pas fait récemment la triste expérience des algues vertes, tueuses en série ?
Devant la CIJ de La Haye, l’ambassadrice argentine n’a pas manqué, avec force détails, d’expliquer les raisons qui les poussaient à militer pour une fermeture des usines de pâte à papier en bordure du fleuve transfrontalier. « L’activité d’une telle usine, qui devrait fonctionner pendant 40 ans, ne serait certainement pas autorisée en Europe », a-t-elle argumenté. Son souci majeur : cette région du fleuve est très peuplée, la pêche et le tourisme y sont deux secteurs importants. La pollution engendrée par les activités de l’usine est telle que la santé des riverains et des touristes y est mise en grand danger. « Le site choisi est totalement inapproprié et l’écosystème est incapable de supporter la pollution de l’usine », a-t-elle ajouté.
L’Uruguay tentera de se défendre à partir du 21 septembre prochain. Douze audiences de trois heures sont prévues d’ici au 2 octobre, date à laquelle la CIJ mettra son jugement en délibéré.