Environnement
PCB : « un Tchernobyl à la française »!
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- « Selon l’Afssa, les PCB présentent des risques pour la santé en cas d’ingestion régulière et sur une longue période pouvant aboutir à des problèmes de fertilité, de croissance ou même des cancers »
Début mars a débuté une étude menée conjointement par l’Agence Française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) et l’Institut national de veille sanitaire (INVS). Commandée par le ministère de la Santé, elle devra établir un seuil de dangerosité concernant l’absorption de PCB par l’homme. Verdict : février 2011.
Avant de passer aux modalités de l’étude, arrêtons-nous sur son sujet. Que sont les PCB ? Les polychlorobiphényles, ou pyralènes, sont des produits de l’industrie nés en 1929. Fabriqués à partir de molécules de chlore, ils ont été massivement utilisés en tant qu’isolants électriques dans les transformateurs jusqu’à leur interdiction en 1987. Toujours présents dans l’environnement de par leur insolubilité, ils polluent principalement nos cours d’eau. « L’homme est exposé aux PCB essentiellement par la consommation de produits gras d’origine animale : poissons, viandes et produits laitiers. Toute la population française est exposée à d’infimes quantités de PCB par l’alimentation générale », explique l’Afssa. Se fixant facilement dans les sédiments ou sur diverses matières en suspension dans les milieux aquatiques, les poissons sont les principaux vecteurs de transmission à l’homme.
4 zones contaminées, 2 zones non contaminées
L’étude, dite « d’imprégnation » devra aboutir à des recommandations détaillées quant au seuil de consommation inoffensif pour l’être humain. Son objectif : déterminer si les consommateurs de poissons d’eau douce sont plus imprégnés que les autres. Selon l’Afssa, les PCB présentent des risques pour la santé en cas d’ingestion régulière et sur une longue période pouvant aboutir à des problèmes de fertilité, de croissance ou même des cancers. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) les avait d’ailleurs classés en tant que cancérigènes potentiels. Initiée début mars, l'étude s’intéressera aux habitudes alimentaires de 900 foyers de pêcheurs amateurs sur six zones de pêche contaminées ou non par les PCB. Les quatre zones contaminées sont situées sur la Seine, la Somme, le Rhône, le Rhin et leurs affluents. Rappelons d’ailleurs à ce sujet que la consommation de poisson pêché dans le Rhône est interdite depuis septembre 2005. Les deux zones non contaminées se trouvent sur la Loire, la Garonne et leurs affluents. Ce qui représente au total la prise en compte de 900km de cours d’eau. Verdict en février 2011 !
Idem pour les poissons d’eau de mer ?
Les 900 foyers interrogés devront, dans un premier temps, par téléphone, décrire leurs habitudes de pêche et de consommation des poissons pêchés. Ensuite, un entretien à domicile permettra d’approfondir les habitudes alimentaires du foyer. Enfin, des tests sanguins seront réalisés afin de déterminer les teneurs en PCB ainsi qu’en dioxines. Pour Guillaume Lorca, le responsable investigations de WWF, les résultats de cette étude seront biaisés si l’Afssa persiste à ne pas tenir compte d’un rapport rendu par l’Ifremer (Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer) qui confirmait que les poissons d’eau de mer (bar, truite, sole) étaient eux aussi contaminés par les PCB. Pour l’ONG, aucun doute, il s’agit bien d’un « Tchernobyl à la française ». Les résultats sont prévisibles. Faudra-t-il s’acheminer vers une interdiction de la consommation d’espèces pêchées dans une majorité de cours d’eau français ? Les crises sanitaires n’ont apparemment pas fini de faire parler d’elles…
Pour aller plus loin, vous pouvez consulter le dossier spécial du WWF ainsi que la présentation de l'étude de l'Afssa
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Albane Wurtz
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