Pour lutter contre le réchauffement climatique, il n’existe pas de moyens plus efficaces que la réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre. Mais pour des raisons techniques ou organisationnelles, particuliers, entreprises, associations ou encore collectivités n’ont pas toujours la possibilité de le faire pleinement. C’est la raison pour laquelle le GERES a mis en place en 2004 le programme de compensation carbone volontaire CO2Solidaire (il existe aussi Action Carbone, lancé par la fondation GoodPlanet, ou Climat Mundi). Le principe : calculer le coût environnemental de ses émissions de CO2 et permettre à ceux qui le souhaitent de le redistribuer pour financer des projets de développement durable.
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Essentiel aux actions menées en faveur du climat, l’outil est pourtant aujourd’hui vivement critiqué. Notamment par Augustin Fragnière, enseignant-chercheur à l'Institut des politiques territoriales et de l'environnement humain de l'Université de Lausanne, et auteur de « La compensation carbone : illusion ou solution ? » (*), qui dénonce la notion de « neutralité carbone ». Une position que partage totalement le GERES, soucieux d’insister sur l’aspect éthique de la démarche : « La neutralité carbone traduit une sorte ‘d’impunité climatique’ qui ne peut exister sur une planète où nous, au Nord, sommes les premiers responsables de l’emballement climatique actuel. Elle constitue un privilège pour les populations des pays industrialisés », fustige l’ONG dans un communiqué.
Et d’ajouter : « La neutralité carbone ne valorise pas les actions de réduction des émissions de CO2 mises en œuvre à la source par une entreprise. Il s’agit pourtant de l’enjeu principal pour les entreprises des pays du Nord ». Ainsi, « CO2Solidaire incite ses entreprises partenaires à ne pas revendiquer de neutralité carbone au profit d’une plus grande rigueur et transparence en matière de réduction à la source de leurs émissions de gaz à effet de serre ».
Le principe de « solidarité climatique »
Autre point de vue développé par M. Fragnière, auquel s’associe également le GERES : le concept de « solidarité climatique ». Il « est justement défendu par le GERES depuis plus de 2 ans et exprime le double devoir des pays du Nord : réduire leurs propres émissions de GES, en suivant le principe de responsabilité commune mais différenciée inscrite au cœur du Protocole de Kyoto... et soutenir les pays du Sud dans leur développement socio-économique tout en leur permettant de s’adapter aux évolutions locales du climat ». L’association entend en effet ne pas se limiter aux seuls enjeux environnementaux, mais aussi intégrer aux mécanismes de lutte contre les changements climatiques des bénéfices sociaux et économiques pour ces populations.
Communication abusive, objectifs détournés, voire mauvaise interprétation (ou interprétation partielle) de la démarche sont donc les grands défis auxquels la compensation carbone est aujourd’hui confrontée. Mais le GERES, qui croit à son dispositif et tient à sa crédibilité, veille au grain et se réjouit de ce débat d’idées : « Il est nécessaire pour amener cette démarche vers une dimension plus éthique. CO2Solidaire combat le déni de responsabilité et revendique ainsi de faire prendre conscience… plutôt que de s’en acheter ! ».
Le GERES et son action en faveur du climat
Le Groupe énergies renouvelables, environnement et solidarités a vu le jour à Marseille en 1976, au lendemain du premier choc pétrolier. Son objectif : lutter contre l’effet de serre, promouvoir le respect de l’environnement et le développement des énergies renouvelables en intégrant systématiquement les dimensions humaine, sociale, économique et territoriale. L’ONG conduit ainsi des projets de développement durable en France et dans neuf pays d’Afrique et d’Asie.
Son opération de compensation carbone volontaire, CO2Solidaire, est tout à fait représentative de son action (historiquement, il s’agit du premier programme français en la matière). Les projets, mis en œuvre par l’association elle-même, sont très souvent menés dans les pays du Sud, dont les populations sont les premières exposées et les plus vulnérables aux effets du réchauffement climatique. En 2009, quelque 8 500 TeqCO2 (tonne équivalent CO2) avaient été compensées, et 76 entreprises étaient partenaires. BlueNext, la première bourse de l’environnement, a aussi choisi cet outil pour compenser ses émissions.
Le GERES a par ailleurs participé à la définition de la Charte des bonnes pratiques des opérateurs de la compensation carbone pilotée par l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie).
Site du GERES
Site de l’opération de compensation carbone CO2Solidaire
Portail de la compensation des émissions de gaz à effet de serre en France (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie)
* : « La compensation carbone : illusion ou solution ? », Augustin Fragnière, Edition PUF
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