La France a décidé de combler ses lacunes en matière d’éolien offshore : le ministère de l’Ecologie et de l’Energie a affiché la volonté gouvernementale de développer cette énergie renouvelable, longtemps écartée au profit du nucléaire et du solaire.
Un appel d’offres massif sera lancé en septembre dans l’espoir de construire 600 éoliennes offshore pour une puissance de près de 3 000 mégawatts... soit l’équivalent de deux réacteurs nucléaires. Le coût financier est à la hauteur des ambitions : 10 à 15 milliards d’euros.
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Mais quand on aime, on ne compte pas, d’autant que le programme affiche des ambitions plus souterraines et stratégiques : faire émerger une filière industrielle française d’excellence capable de s’imposer sur le marché européen actuellement dominé par la Grande-Bretagne.
Tempêtes au large ?
Le chemin risque pourtant d’être encore long. A commencer par les délais de construction : les premières éoliennes ne seront pas opérationnelles avant 2015. Puis le prix de rachat de l’électricité produite proposé par EDF risque de refroidir les ardeurs des industriels. Un arrêté ministériel fixe en effet le prix du mégawatt/heure à 130 euros : un tarif qui se révèlerait apparemment trop bas pour assurer la rentabilité des projets.
Les éoliennes ont de plus un grand ennemi dans l’Hexagone : la population et certains élus ! « On a en France un problème avec l’éolien en général : une partie de l’establishment y est très hostile », confirme Jean-Philippe Roudil, délégué général du syndicat des énergies renouvelables (SER). Et le offshore ne fait pas exception à la règle : le seul projet marin actuellement en cours sur le territoire nationale est paralysé depuis le recours de riverains déposé devant le tribunal administratif.
Le problème pourrait donc bien se poser pour l’implantation des 600 éoliennes : « La profondeur d’eaux étant plus importante dans l’Océan Atlantique qu’en Mer du Nord, nous sommes obligé de construire les éoliennes plus près des côtes », estime le ministère de l’Energie. Or cette proximité est susceptible de provoquer un « conflit avec les activités touristiques ou la pêche en mer ».
Les pêcheurs de Saint-Brieuc et Saint-Malo (lieux d’implantation prévus) ont déjà fait connaître leur désaccord. Selon eux, le projet pourrait nuire à leur activité professionnelle : « Les deux zones initialement prévues par l’Etat pour l’installation des parcs éoliens sont très fréquentées […] 150 bateaux spécialisés dans la coquille Saint-Jacques y travaillent au quotidien, auxquels s’ajoutent 36 chalutiers », a confié aux Echos Alain Coudray, le président du comité local des pêches de Saint-Brieuc. Or la pêche est interdite autour des éoliennes…
Ces professionnels se prononcent en faveur d’un site plus éloigné des côtes, non pas à dix kilomètres du littoral, mais plutôt à vingt. Une solution qui représenterait un surcoût d’installation…
Le chemin est encore long, disions-nous !