Le photovoltaïque a beaucoup séduit. L’incitation financière qui permet de revendre l’électricité produite à EDF selon une grille de tarifs préférentiels a multiplié par 10 la puissance du parc de panneaux solaires français en deux ans : sa puissance représentait 81 mégawatts en 2008. Elle est désormais estimée à 850 MW.
Alors les ministères de l’Energie et de l’Economie se réjouissent de « l’essor spectaculaire du photovoltaïque français » dont « la phase d’amorçage est achevée ». Une bonne nouvelle qui peut cependant en cacher une mauvaise : une baisse de 12 % du prix de rachat de l’énergie a été décrétée hier (23 août) et sera effective dès le 1er septembre.
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- Marquant, 24 / 08 / 2010 - 22:21
- “Une fois de plus le Gouvernement tire à côté de la plaque en répétant des arguments qui ont fait long feu... A lire l'excellente analyse d'Hespul (http://www.hespul.org/IMG/pdf/Prop_tarifs_PV_Hespul_aout_2010_finale.pdf) qui démonte une à une les assertions fallacieuses sur lesquelles le Gouvernement fonde sa décision de baisser les tarifs, et qui lui sont soufflées par le lobby nucléaire et EDF en 1ère ligne. Adieu créations d'emplois, adieu énergies renouvelables, quelle farce que ce Grenelle de l'Environnement !”
- Verkalak, 24 / 08 / 2010 - 22:15
- “Ce qui est financé par le contribuable, c'est le gouffre financier représenté par les recherches sur l'EPR, et le coût exorbitant d'exploitation de la filière nucléaire. Las, le choix est malheureusement fait de sacrifier notre indépendance énergétique (si on avait de l'uranium en France, ça se saurait)au dépend des seuls intérêts d'un lobby. Ce n'est pas surprenant mais toujours aussi désespérant...”
Les installations domestiques de moins de 30m2 de panneaux ne sont pourtant pas concernées. Les ménages continueront à revendre leur électricité 58 centimes d’euros par KWh. Les projets professionnels et les grosses installations seront en revanche pénalisés.
Justifications gouvernementales
Bercy et le ministère de l’Ecologie anticipent les critiques : dans leur communiqué commun, ils soulignent que cet ajustement est nécessaire car il permet d’« éviter les effets d’aubaine spéculatifs ». Il résulte également de « la diminution des coûts des équipements photovoltaïques ».
Malgré tout, le gouvernement se veut, comme toujours, rassurant : « Même après cette évolution, les tarifs de rachat du photovoltaïque resteront parmi les plus favorables en Europe ». L’Allemagne a récemment annoncé une diminution de plus de 15 %. L’Espagne, dont le budget 2011 est drastique, a prévu une baisse des aides de 45 % pour les nouvelles installations de centrales au sol et de 25 % pour les installations de moyenne ampleur.
Niche énergétique ?
Si la mesure peut être perçue comme « un coup d’arrêt » au développement solaire, il s’avère que cette énergie est devenue une petite niche énergétique. Faut-il rappeler que l’écart entre le tarif d’achat (environ 580 euros le mégawatt/heure) et le prix du marché (56 euros par MWh) est financé par le contribuable ? Selon un rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) que s’est procuré Le Figaro, les charges supplémentaires payées par les ménages, du fait des tarifs de rachat préférentiel actuels, s’élèveraient à 60 euros par an et par foyer si aucune mesure n’était prise…
L’ajustement décrété n’est peut-être pas un luxe après l’augmentation de 3 % des tarifs de l’électricité, le 15 août dernier…