Nucléaire français : Sarkozy annonce un investissement d’un milliard d’euros
Alors que l’Allemagne, avec quelques pays européens, se détournent de l’atome, Nicolas Sarkozy vient d’annoncer une enveloppe d’un milliard d’euros pour le « nucléaire du futur » et le renforcement de la sûreté dans ce secteur énergétique.
« On ne peut pas, parce qu’il y a eu un tsunami au Japon, considérer que l’on doit appliquer les mêmes règles dans des régions qui ne sont pas au bord de mer » (Nicolas Sarkozy)
Le président de la République a fait aujourd’hui (27 juin) le bilan du grand emprunt lors d’une conférence de presse consacrée aux investissements d’avenir. Et parmi ces derniers, l’atome est particulièrement concerné : la France va en effet « consacrer un milliard d’euros au programme nucléaire du futur », qui inclut notamment la fameuse « quatrième génération de réacteurs ». L’investissement servira également à renforcer la recherche sur la sûreté nucléaire, pour laquelle l’Hexagone a déjà « une avance reconnue », selon Nicolas Sarkozy.
Le nucléaire n’est cependant pas le seul domaine à bénéficier du grand emprunt. La France investirait aussi « massivement » dans les énergies propres : « 1,350 milliard sur les énergies renouvelables et sur les procédés de production décarbonée ». Le chef de l’Etat ne s’est par ailleurs pas privé pour rappeler que les dépenses dans l’énergie solaire ont été « multipliées, depuis que je suis président de la République, par cent ». Et d’ajouter : « Au fond, l’une des énergies les plus prometteuses pour l’avenir, c’est les économies d’énergie, c’est l’efficacité énergétique ».
Un moratoire sur le nucléaire n’a « pas de sens »
L’annonce de Nicolas Sarkozy sur l’investissement atomique contraste fortement avec la position de plusieurs pays européens, dont l’Allemagne, qui a récemment prévu de sortir du nucléaire d’ici 2022. Elle va également à l’encontre d’un sondage Ifop publié le 5 juin et dans lequel on apprenait que 62 % des Français souhaitaient un arrêt progressif « sur 25 ou 30 ans » des centrales (15 % veulent un abandon rapide de l’atome).
Mais pour le président, la position de ceux qui demandent un moratoire sur le nucléaire est « curieuse » et n’a « pas de sens ». Il réaffirme ainsi sa vision énergétique pour le pays qu’il avait déjà développé au début du mois de juin après la décision allemande : « Je n’ai pas l’intention de renoncer à ces avantages absolument considérables de l’économie française », car « on ne peut pas, parce qu’il y a eu un tsunami au Japon, considérer que l’on doit appliquer les mêmes règles dans des régions qui ne sont pas au bord de mer ».
Manifestation pour réclamer la fermeture de Fessenheim
Entre 5 000 et 10 000 personnes ont en outre formé hier (26 juin) une chaîne de quelque 5 km autour de la centrale de Fessenheim. Objectif : exiger la fermeture immédiate de la doyenne des installations nucléaires françaises (en service depuis 1977). L’ASN (Autorité de sûreté nucléaire) doit en effet se prononcer prochainement sur la poursuite de son activité durant dix années supplémentaires.
Or, selon les manifestants, soutenus par Europe Ecologie-Les Verts (EELV), le PS, et plusieurs élus de droite, Fessenheim présentent des risques similaires à ceux de Fukushima : la centrale est en effet construite sur une zone sismique et exposée aux inondations en cas de rupture des digues du Rhin.